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Rentrée littéraire : ces baudruches qu’il faut dégonfler

Toni Reed Sy E0ufZM1s Unsplash

Qui dit rentrée littéraire dit aussi baudruches littéraires encensées par les critiques. On a essayé de dégonfler un peu tout ça. Et surtout de vous faire économiser de l’argent. Revue de détail, subjective, par Ernest.

Quand la rentrée littéraire pointe le bout de son nez, elle charrie toujours avec elle, l’arrivée des baudruches. Celles dans lesquelles soufflent les quelques critiques littéraires installés pour les faire gonfler un peu plus encore. Ce cru 2020 ne déroge pas à la règle. Le problème c’est que les lecteurs et les lectrices, eux, sont déçus. Profondément parfois. Quand on a acheté un livre à 20 euros, cela agace.

ZeniterErnest, comme tout le monde, s’est aussi fait avoir. Aussi, tentons de vous faire économiser un peu d’argent.

Certainement que vous avez beaucoup entendu parler du roman de la très talentueuse Alice Zéniter. On l’adore (on l’avait interrogé sur son précédent roman). Son dernier livre s’appelle « Comme un empire dans un empire ». Il narre les trajectoires parallèles d’Antoine attaché parlementaire d’un député socialiste et de L. une hackeuse, sorte de Robin des Bois du 21e siècle. Le propos de Zéniter est d’interroger la notion d’engagement, de montrer qu’elle est mouvante et pas forcément située là où on le croit. L’idée est intéressante, mais le livre est long. Ça patine, ça manque de rythme et de puissance romanesque pour emporter le lecteur. Les Inrocks, L’Obs et cpgnie ont adoré. Ok. Franchement, ce n’est pas du tout le meilleur livre de Zeniter, et c’est un peu trop dans tout. L’écriture qui se regarde, l’intrigue qui ne démarre pas vraiment et la démonstration que l’on voit un peu trop.

Un conseil : attendez le livre de poche. Un autre : lisez plutôt le sublime livre d’Erri de Luca. Un dernier : relisez l’Art de Perdre.

L’autre baudruche qui est aussi – pour nous chez Ernest – une immense déception, c’est Eric Reinhardt dont nous avons adoré Ernest Comediesfrancaisesquasiment TOUS les livres et qui est pour nous l’un des plus grands auteurs français actuellement. Dans son dernier livre « Comédies Françaises », il renoue – en plus – avec ce qu’il fait de mieux : l’auscultation de la société et de la grande Histoire en y mêlant la petite histoire de ses personnages. Ici, il replonge dans l’histoire de la création d’Internet et la façon dont la France a raté – à cause des lobbies – l’invention du siècle. Évidemment, l’écriture est au cordeau. Reinhardt fait du Reinhardt et on y retrouve beaucoup des choses qui nous ont fait l’aimer. Mais que c’est long, que c’est verbeux. Au bout de 250 pages, l’histoire de l’internet n’a toujours pas commencée et on suit toujours les pérégrinations de son personnage principal, Dimitri, qui tente de séduire une fille qu’il a croisé deux fois par hasard… Au final, on s’ennuie ferme et les parenthèses que l’on aimait tant chez Reinhardt deviennent des pensums à la lecture. Exemple : son personnage aime le théâtre, résultat, sur cinq pages, Reinhardt fait la liste de toutes les pièces que ce personnage a vu…De même là où, habituellement, son propos est juste, il tombe dans des caricatures lourdes sur les méchants lobbies contre les gentils citoyens. Son personnage principal écœuré par son travail de lobbyiste en vient même à faire dons de TOUS ses revenus à des œuvres caritatives. Tout cela ne tient pas un instant.

Là encore, la critique est dithyrambique. On a du mal à voir pourquoi. Un conseil : n’attendez même pas le poche. Un autre : sur ce sujet lisez plutôt « En bande organisée » de Flore Vasseur, c’est vif et acéré. Un dernier : relisez les autres livres de Reinhardt.

Il y a aussi la Nothomb ? Un ami nous demande s’il faut lire le dernier. Nous avons répondu : sur la couverture du livre, cette année, elle ne porte pas de chapeau.

Évidemment, il y a aussi Carrère. On se contentera d’en dire la chose suivante : le yoga c’est meilleur quand on le pratique. Ce livre est pataud et fier de lui. Cela se ressent à chaque virgule. Autocentré et tellement loin des romans les plus beaux de Carrère que cela en est profondément décevant. Arnaud Viviant en a fait une « Contre-Allée » ici.

Récemment dans une discussion avec un éditeur alors que nous parlions justement de ces livres décevants encensés partout, il s’est contenté d’un laconique : “Oui mais ça se vend et c’est ce dont a besoin l’ensemble du marché du livre en ce moment”.

Au final, on ne saurait que trop vous recommander de ne pas aller vers les baudruches, mais plutôt de vous tourner vers notre sélection de rentrée littéraire : pour rire, pour pleurer devant la beauté, pour vivre une aventure, pour lire ce qui aurait dû être le Prix Goncourt, pour vivre une expérience sensible, pour rencontrer des humanistes et aussi pour faire la playlist de nos vies.

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