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Les désaxés

Le Livre Du Vendredi Twitter 1000x500(67)

Ouvrir le livre, lire deux ou trois phrases au hasard et savoir instantanément de qui sont les mots. Impression rare. Elle est pourtant, toujours, présente lorsque l’on ouvre un roman de Maria Pourchet.  “Western”, son nouveau livre dont tout le monde parle ne déroge pas à la règle. Depuis Champion, Rome en un jour, ou encore les Impatients ou Feu, la langue de Maria Pourchet donne tout au lecteur. Elle le happe, le bouscule, l’interpelle, l’agace et l’émeut. Comme dans une chevauchée fantastique. Dans ce nouveau roman, il est question d’Aurore, quadragénaire un peu paumée qui a décidé de se retirer de la vie et de vivre en ermite dans un lieu reculé. Il est aussi question d’Alexis, acteur à succès, qui alors qu’il joue Dom Juan, décide de quitter brusquement son rôle. Comme s’il avait pressenti un danger. Forcément, les deux blessés de la vie vont se rencontrer, et entre eux se dessinera peut-être la possibilité d’une île.

De Dom Juan à Casanova

Avec ce pitch de facture classique, Maria Pourchet tisse un “Western” moderne. Avec les interrogations actuelles. Sur la célébrité, sur les réseaux sociaux et les mises à mort, sur les décisions qui emportent tout avec elles. Il est aussi question, évidemment, des rapports de séduction, des relations entre les hommes et les femmes, de la vie, et des rencontres. De la répétition de l’amour. Des scènes que l’on joue et que l’on rejoue. Des pertes et des défaites. A travers le personnage d’Alexis Zagner et du rôle qu’il tient au théâtre Dom Juan, Pourchet interroge avec subtilité cette figure du Dom Juan et de ce qu’elle a produit dans la construction des hommes. Exit Dom Juan. Qui d’autre ? Des hommes différents. Des femmes  différentes. En égalité. Les mots de l’autrice sont justes et résonnent de façon romanesque avec ceux que l’auteur de ces lignes avait tracé dans son “Eloge de la Séduction”. Et si pour sortir de Dom Juan, il convient, comme chacun sait de retrouver Casanova. Le dernier mot du livre “Encore”, dit finalement le cœur du propos : les choses de la vie font mal parfois, mais on en veut encore. Parce que justement elles sont la vie.

“Western”, Maria Pourchet, Stock.

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

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