Quatrième épisode de notre série sur les héroïnes de romans inspirantes pour les femmes d’aujourd’hui et de demain. Aujourd’hui, nous vous présentons Adèle, l’héroïne passionnante du premier livre de Leïla Slimani “Dans le jardin de l’ogre”. Une femme fragile et un peu perdue. Une femme affirmée aussi. En recherche et en quête.
Intégrer Adèle dans cette série peut apparaître comme étonnant. Adèle est une femme d’aujourd’hui, journaliste, dynamique et libre. Adèle est aussi une addict sexuelle. En quoi ainsi pourrait-elle être un exemple ? D’abord, dans l’audace de l’auteure, Leïla Slimani d’avoir créé un tel personnage de femme. Toujours, ce sont les hommes qui sont décrits comme addicts au sexe. Ici, c’est une femme – normale – qui assume, même si cela la rend un peu malheureuse son désir sexuel débordant.
Audacieuse et complexe liberté
Adèle est une femme d’une fragilité rare et en même temps d’une audace et d’une force époustouflantes. Leïla Slimani nous fait suivre de façon chirurgicale la recherche, la quête et au fond la dérive d’Adèle. Ce portrait passionnant d’une femme qui flirte avec les limites de la société et de la bienséance est aussi un portrait d’une liberté assumée même si elle rend triste. Adèle est mariée, Adèle est une femme comme il faut, mais elle a aussi une part d’ombre.
Adèle est une femme qui est en plein questionnement, en pleine recherche d’elle-même et qui se dit que, peut-être, elle se trouvera dans sa passion (car avant de devenir une addiction, c’est une passion) pour le sexe. Ce texte est aussi une forme de glorification du désir des femmes. Désir qui peut – contrairement aux idées reçues – être largement supérieur à celui des hommes. Ces présupposés sont audacieux, passionnants et rares en littérature. Il était encore plus audacieux qu’ils soient l’œuvre d’une jeune romancière – Leïla Slimani – dans un premier roman. Cette audace se retrouvait dans le second livre de l’auteure, “Chanson douce” qui a obtenu le prix Goncourt 2016. Mais cela, c’est une autre histoire.
Extraits du livre qui en disent, un peu plus, sur Adèle :
“Adèle tend son verre. Elle regarde du côté des hommes et cherche une porte de sortie, une issue pour les rejoindre et fuir le groupe de perruches au milieu duquel elle se retrouve. Ces femmes ne sont rien. Elle n’éprouverait même pas le plaisir à les impressionner. Elle crève d’être là à les écouter.”
“À quoi servirait de se retenir ? La vie n’en serait pas plus belle. À présent, elle réfléchit en opiomane, en joueuse de cartes. Elle est si satisfaite d’avoir repoussé la tentation pendant quelques jours, qu’elle en a oublié le danger.”
“L’amour, ça n’est que de la patience. Une patience dévote, forcenée, tyrannique. Une patience déraisonnablement optimiste.”
“Quand ils font l’amour, les hommes regardent leur sexe. Ils prennent appui sur leurs bras, penchent la tête et observent leur verge pénétrer la femme. Ils s’assurent que cela fonctionne. Ils restent quelques secondes à apprécier ce mouvement, à se réjouir peut-être de cette mécanique, si simple et si efficace. Adèle sait bien qu’il y a aussi une forme d’excitation dans cette auto-contemplation, dans ce retour vers soi. Et que ce n’est pas seulement leur sexe à eux, mais aussi le sien qu’ils contemplent.”
“L’érotisme habillait tout. Il masquait la platitude, la vanité des choses. Il donnait du relief à ses après-midi de lycéenne, aux goûters d’anniversaire et même aux réunions de famille, où il se trouve toujours un vieil oncle pour vous reluquer les seins. Cette quête abolissait toutes les règles, tous les codes. Elle rendait impossible les amitiés, les ambitions, les emplois du temps.”
“Elle comprit très vite que le désir n’avait pas d’importance. Elle n’avait pas envie des hommes qu’elle approchait. Ce n’était pas à la chair qu’elle aspirait, mais à la situation. Être prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. Mimer l’orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal.”
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