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Joésphine, Vivian, Sylvia et les autres

Becca Tapert U5e1kqW6E3M Unsplash(1)

L’expression est éculée et pourtant pour ces femmes, voire pour toutes les femmes, elle s’applique. “Femmes puissantes”, donc. Nous sommes entourés de femmes puissantes et cela est un ravissement.

Femme puissante, Joséphine Baker. Star de la chanson, citoyenne du monde. Américaine, Française, résistante décorée par De Gaulle, militante antiraciste, bisexuelle, femme qui a toujours cherché à se dépasser et à sortir des cases dans lesquelles la société la mettait : noire, femme, pauvre…
Joséphine Baker entre au Panthéon cette semaine. Cette entrée doit nous remplir d’une joie profonde, d’une joie immense et d’une fierté en tant que peuple. Une entrée qui dit le sens profond de ce que se sentir français veut dire. Être unique de par son histoire personnelle et en même temps s’inscrire dans une destinée qui nous dépasse. Qui nous porte au-delà de ce que nous sommes et de nos petits tracas. Loin de la vision de boutiquier rance que certains tentent de refourguer à la France pour leur intérêt personnel.

Femme puissante également Vivian Maier qui est à l’honneur en ce moment dans une exposition au jardin du Luxembourg. Vivian Maier était une femme de peu. Elle allait de petit boulot en petit boulot. Puis, pour la plus large part de sa vie, elle a pris soin des enfants. Comme nourrice, mais aussi en tant qu’aide pour des adolescents handicapés. Tout au long de sa vie, en parallèle, Vivian Maier a pris des photos dans la rue. Des photos d’une humanité folle, pleine de tendresse envers les êtres humains. Elle ne les a jamais vues exposées de son vivant. Un agent immobilier a retrouvé une valise. Et il a compris qu’il détenait là des œuvres d’art et a tout fait pour faire connaître Maier. Femme puissante, héroïne de roman. Femme qui fit passer les autres avant son talent. Dans le très beau roman qu’elle consacre à Vivian Maier, Gaëlle Josse écrit : “L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts. Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain.”  Il faut raconter et montrer ces parcours et ces femmes à nos enfants.
Femme puissante, Sylvia. Cette semaine, Sylvia a fait son coming-out de victime de violences sexuelles de la part d’un homme puissant. Sans aucune injonction pour les autres victimes, elle a raconté son traumatisme issu d’une agression sexuelle de la part d’une vedette de la télé à l’époque : Nicolas Hulot. Forcément, l’effarement a gagné tout un chacun. Il faut entendre ce que ces femmes puissantes viennent dire aujourd’hui. L’entendre, non pas pour juger, mais pour enseigner toujours et encore ce qu’il ne faut pas faire.

Toutes ces femmes puissantes dans ce que l’on appelle « l’actualité » nous ont aussi conduit par la pensée vers toutes les femmes puissantes invisibles, celles de tous les jours, celles qui chaque jour tentent de tout concilier, d’être mères, femmes, impliquées dans leur job en essayant d’être au top, et qui souvent sont moins bien traitées que les hommes. Femmes puissantes, ces femmes qui montrent un nouveau chemin, non pas dans l’affrontement mais dans la construction commune avec les hommes de bonne volonté.

Une puissance acquise grâce aux luttes, évidemment, mais aussi, plus largement aux héroïnes de la littérature et de la fiction en général. Ces héroïnes inspirantes font Ernest font à plusieurs fois parlé : ici ou .

Héroïnes qui sont l’égal des hommes. Sans Hermione, Harry Potter serait mort au premier épisode de la saga. C’est aussi cela créer un autre monde. Modifier les consciences par les fictions que l’on peut leur donner à voir et à lire.
 Héroïnes qui sont inspirantes dans ce qu’elles construisent et inventent au quotidien dans de nombreuses fictions récentes.
Héroïnes qui assument leurs désirs comme dans le système Victoria de Reinhardt ou dans l’insoutenable légèreté de l’être de Kundera et dans des tas de romans actuels.

Héroïnes qui construisent l’imaginaire féminin, certes, mais aussi l’imaginaire masculin, le mien, le vôtre, les nôtres

Ce sont pour ces héroïnes que ce matin nous avions envie d’écrire. Pour celles d’hier, pour celles d’aujourd’hui, pour celles de demain.

Bon dimanche,

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)

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