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Héroïnes Inspirantes S2E5 – Tereza et Sabina

Ernest Mag TeresaSabina

Cinquième épisode de notre série sur les héroïnes de roman inspirantes. Épisode un peu particulier puisqu’il est un jeu de miroir entre Tereza et Sabina les deux héroïnes inoubliables de “l’Insoutenable légèreté de l’être” de l’immense Milan Kundera.

Double choix de ces deux héroïnes car leur opposition et leur rapprochement, leurs points communs et leurs différences forment un pavé mosaïque des possibles qui donne une image puissante et intelligente du féminin. Tereza est une femme discrète, elle tombe amoureuse de Tomas et se donne corps et âme à lui. Elle accepte tout. Tomas est un libertin. Il est amoureux fou de Tereza mais veut posséder toutes les femmes. Tereza, elle, voudrait être une autre. Différente. Et pourtant, elle est ce qu’elle est. Elle se débat en permanence dans ce dilemme cornélien. C’est d’ailleurs ce questionnement permanent qui la rend si bouleversante et si Ernest Insoutenablelegerete Couvinspirante. Quelle fidélité ? Comment ? Quelle féminité ? Quelles issues, aussi.

De l’autre côté, il y a Sabina. La maîtresse principale de Tomas. Sabina, à la différence de Tereza, n’accepte aucune règle, ne veut pas se mettre dans un moule et surtout, surtout, elle veut être libre. Quitte à souffrir de cette liberté. C’est là tout le talent de Kundera que de raconter le dilemme des Hommes comme Tomas, mais aussi et surtout le dilemme d’une femme au travers ces deux personnages que sont Sabina et Tereza. Deux contraires, mais aussi deux similarités dans leur ambivalence. Ces deux héroïnes sont essentielles pour comprendre et interroger l’entièreté du féminin. Tereza et Sabina interrogent nos légèretés et nos pesanteurs. Dans leurs relations respectives avec Tomas, mais aussi dans leur rapprochement, il y a plus largement une interrogation : quel sens donner à nos vies ? En tant qu’homme, quand on lit ce livre immense de Kundera, on se retrouve évidemment dans Tomas, mais aussi dans la liberté et la prestance de Sabina. Et enfin et surtout dans la droiture de Tereza que l’on recherche en permanence. Ces deux héroïnes sont en fait Une.

Elles disent, ensemble, comment faire face à la pesanteur qui nous guette. Elles disent, aussi, la difficulté d’être ce que l’on veut être. Surtout sans Sabina, Tereza ne fait pas le chemin qu’elle fait dans le livre. Idem pour Sabina. L’une sans l’autre, ce n’est en fait pas possible. Ces deux femmes sont deux des plus beaux personnages de Kundera, voire même de la littérature mondiale. Elles furent incarnées à l’écran par Juliette Binoche (Tereza) et Lena Olin (Sabina).

Extraits

“Notre vie quotidienne est bombardée de hasards, plus exactement de rencontres fortuites entre les gens et les événements, ce qu’on appelle des coïncidences (…) mais on peut avec raison reprocher à l’homme d’être aveugle à ces hasards et de priver ainsi la vie de sa dimension de beauté.”

“Il parlait d’un ton courtois, et Tereza sentit son âme s’élancer à la surface par toutes ses veines, tous ses capillaires, et tous ses pores pour être vue de lui.”

Pour Tereza, le livre était le signe de reconnaissance d’une fraternité secrète. Contre le monde de la grossièreté qui l’entourait, elle n’avait en effet qu’une seule arme : les livres qu’elle empruntait à la bibliothèque municipale ; surtout des romans : elle en lisait des tas, de Fielding à Thomas Mann. Ils lui offraient une chance d’évasion imaginaire en l’arrachant à une vie qui ne lui apportait aucune satisfaction, mais ils avaient aussi un sens pour elle en tant qu’objets : elle aimait se promener dans la rue avec des livres sous le bras. Ils étaient pour elle ce qu’était la canne élégante pour le dandy du siècle dernier. Ils la distinguaient des autres.

Les héroïnes inspirantes sont là. Saison 1 et Saison 2.

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