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Sus aux passions tristes !

James Wheeler ZOA CqKuJAA Unsplash

Convenons-en les amis, l’époque peut paraître triste, énervante, agaçante, révoltante. Il y a le retours des Talibans et de leurs idiots utiles qui se demandent si ces derniers n’ont pas changé, il y a la perte de repères si profonde que la science semble être rabaissée au rang d’une vulgaire croyance, il y a l’incurie des médias qui déroulent le tapis rouge à un polémiste condamné par la justice pour incitation à la haine raciale qui connaît l’histoire comme nous sommes Papes et qui pourtant occupe la totalité de l’espace médiatique. Symptôme d’une maladie profonde. Il y a, aussi, les Unes nauséabondes des journaux sur le “grand remplacement”, il y a tout un tas d’événements qui viennent perturber une certaine idée de l’universalisme, de l’humanisme, de la France. Souvenons-nous toutefois de Camus. “Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse”.

Il serait aisé de se décourager, de se dire que tout est perdu et que la seule solution est le repli sur les plus petits dénominateurs communs. Il serait aisé aussi de s’indigner pour s’indigner et de sombrer dans toutes les picrocholines polémiques de l’écume du quart d’heure. Cela peut soulager, donner bonne conscience, et laisser penser que l’on agit. Ces peurs, ces envies, ce défaitisme permanent nous laissent dans la lie de nos passions tristes.

En ce dimanche matin, les amis, regardons les choses différemment. Cultivons la beauté qui est là, présente, et qui irrigue le monde. Pour peu que nous levions les yeux, elle nous éblouit. Elle nous confère de la force. Ensemble ce matin, pour bien commencer la journée, au fond de notre lit, faisons une petite balade en beauté. Beauté quand un pays s’enflamme autour de la notion du beau. Ou comment une œuvre d’art comme celle de Christo suscite le débat. Quoi que l’on pense de l’installation, il est émouvant de voir que l’on puisse débattre autant de ce qu’est le beau en art. Cela a donné envie d’ailleurs de relire « Art » de Yasmina Reza avec cette phrase profondément interpellante.

“En réalité, je ne supporte plus aucun discours rationnel, tout ce qui a fait le monde, tout ce qui a été beau et grand dans ce monde n’est jamais né d’un discours rationnel.” Intéressant non ? Peut-être que tous les producteurs de logorrhée péremptoire soit disant rationnelle devraient en prendre de la graine. L’autre source de beauté cette semaine, c’est la force, le courage, la dignité de ces policiers qui sont entrés les premiers au Bataclan et qui le racontent avec une humilité confondante au procès des attentats du 13 novembre. Dignité, grandeur, héroïsme. D’une beauté éblouissante. Loin des résistants de pacotille à la “dictature”.  La beauté était là puissante aussi, devant des salles de théâtre où de nombreux spectateurs ont retrouvé la joie de vivre ensemble un moment de scène. Elle fut présente aussi dans les interstices personnels de chacun et chacune de nous. Elle est là, souvent. Saisissons-là.

Forcément, elle fut aussi aperçue dans certaines lectures ou choses entendues au gré des hasards de la vie. Envie d’en partager ce matin avec vous.
Celle-ci : “Nous voulons tout posséder. Nous nous intéressons à tout. Nous nous laissons volontairement séduire par mille connaissances. C’est le contraire de la véritable connaissance. Nous ne savons plus Où nous en sommes, tellement nous savons de choses où nous ne sommes pas.”
Celle-là :

“Nous ne sommes pas suffisants
De nous sans autrui réconfort”

Et enfin, un pied de nez à tous les haineux qui ne rêvent que d’un affrontement généralisé. “L’art est un état où la liberté fait loi.”
 
Bon dimanche,

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