2 min

La vie poésie

Trust Tru Katsande WDJrBpl Q3Q Unsplash

Ralentir le cours torrentiel du temps, faire taire les bruits assourdissants du monde, éprouver une sensation brute, intense, vraie, unique. Chacun et chacune de nous caressons à intervalles réguliers l’une ou les trois de ces envies. Heureusement, cela nous arrive. Parfois. Certains appellent ça le bonheur. Peut-être pourrions-nous plutôt dire qu’au-delà du bonheur nous accédons à la dimension poétique de nos vies.

Poétique au sens de réel, de vrai, d’unique, et d’impérissable. Vous doutez ? Faites l’exercice. Chercher dans vos souvenirs. S’ils reviennent à vous – heureux ou malheureux – c’est aussi parce qu’ils sont constitués de poésie. D’un détail ou d’une réalité qui en font justement des moments particuliers. Je me souviens… dis le poète… Je me souviens des sourires, des caresses, du goût du vin, des repas partagés, des complicités naturelles augmentées d’instants vécus, des épreuves vécues ensemble ou côte à côte, des verres partagés aussi…
Chercher la poésie dans ce qui nous arrive, c’est chercher la beauté. C’est s’autoriser à regarder le monde avec une forme de gravité mâtinée d’une douceur qui nous permet aussi d’en accepter les pires facettes.

Chercher la poésie, c’est aussi se tourner vers cette forme littéraire. Lors du lancement d’Ernest il y a 4 ans, nous avons, avec Alexandre Bord, exploré dans “Mort à la poésie” la richesse de la poésie contemporaine. Cela était parti d’une discussion avec Alexandre. Alors que je lui disais ma “peur” de lire de la poésie et de me heurter à son académisme, il m’assura que je me trompais, et qu’au contraire, la poésie pouvait être un antidote moderne et puissant à nos maux. Un peu comme si en lire chaque jour permettait de laisser loin de nous les docteurs.

Quoiqu’il en soit, une idée avait infusé. Cette certitude qu’avec un peu de poésie régulièrement, notre esprit allait s’ouvrir toujours un peu plus. C’est en partie pour cela que nous avons eu l’envie de proposer, chaque dimanche, un poème. Pour que chacun et chacune de nous puisse faire l’expérience de quelques mots. Sensibles. Simples. Réels. Vrais.

Chaque semaine chercher pour vous ce poème nous conduit à en lire toujours plus. A fureter. A tenter des choses. A essayer de trouver un poème qui touchera au cœur, qui viendra émouvoir, mettre en colère ou consoler. Parce que c’est cela la poésie. La conjugaison d’un corps à corps des mots avec le sensible qui permet à l’esprit, celui du poète comme celui du lecteur, de déployer sa plus grande force.
 La vie poésie, en somme.

C’est l’idée de ce dimanche matin. Alors que l’été s’amorce, que le temps va peut-être être un peu plus intensément habité par chacun et chacune de nous, nous avions envie de vivre avec vous, le temps d’un édito, le temps d’un petit instant, le temps d’un poème ou le temps d’une existence, une vie poésie.
Une vie dans laquelle la beauté est là. Comme la rose qui le matin éclot, elle nous cueille pour nous revigorer. Elle nous cueille pour nous donner à voir le monde. Avec la colère du poète qui parfois est là, mais qui dans l’enveloppement des mots nous invite autant au partage qu’à la réflexion.  Peut-être ces mots vous semblent vains. Peut-être n’y croyez vous pas vraiment. L’auteur de ces lignes était comme vous. C’était avant d’être happé. Happé par la justesse d’Aragon, par la force de Siméon, par la puissance de Rimbaud ou par l’immense beauté  de tout ce qu’il reste à découvrir. Vivons une vie poésie !

Bon dimanche,

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)

Tous nos éditos sont là.

Laisser un commentaire