“A midi, sur les pentes à demi sableuses et couvertes d’héliotropes comme d’une écume qu’auraient laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, je regardais la mer qui, à cette heure, se soulevait à peine d’un mouvement épuisé et je rassasiais les deux soifs qu’on ne peut tromper longtemps sans que l’être se dessèche, je veux dire aimer et admirer. Car il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer. Nous tous, aujourd’hui, mourons de ce malheur.” Ce sont les mots sublimes d’Albert Camus dans son recueil de nouvelles “L’été” dans la nouvelle “retour à Tipasa“.
Admirer et aimer
Deux soifs, écrit Camus. Admirer et aimer. Voilà deux belles missions. Deux soifs qu’il nous faut appréhender durant ces moments d’été. Ces instants suspendus où près des nôtres nous parvenons (un peu) à prendre le temps (voir la citation ci-dessous), à admirer la mer ou les enfants en train de s’amuser. Ces instants où au détour d’une balade ou d’une visite, nous cultivons notre capacité d’émerveillement. Cette période estivale est aussi celle où nous apprenons, nous réapprenons, ou nous réaffirmons nos amours. Où nous les cultivons. Où nous les choyons. Comme si le soleil et la mer dont parle Camus étaient des outils pour nous redonner une énergie de vie. Admirer et aimer. S’émerveiller et s’émouvoir. Se donner le temps d’apprécier des choses simples. Se donner le temps de se perdre complètement dans un livre. Savoir se laisser porter par les heures chaudes et suspendues de l’été. Admirer et aimer. Voilà ce qu’Ernest vous souhaite, chers lecteurs et lectrices, pour l’été.
Tous les éditos d’Ernest