1 min

L’espoir, malgré tout

Le Livre Du Vendredi Twitter 1000x500(79)

Le terminer vite ou le faire durer. Lorsqu’un livre provoque chez le lecteur ce dilemme, c’est en général le signe qu’il est réussit. “Hope” d’Andrew Ridker paru chez L’Olivier ne déroge pas à la règle. Il la confirme et l’amplifie. Il raconte l’histoire de la famille Greenspan : avec le père Scott, la mère Deg, la fille Maya, le fils Gideon et la grand-mère : Marjorie. Chez les Greenspan, tout va bien. Les enfants vont entament leurs études, Scott cardiologue réputé dirige un laboratoire de recherche scientifique, et Deb danseuse contrariée s’implique dans toute une kyrielle d’œuvres caritatives. Ce sont des militants Démocrates qui espèrent  et militent pour que Barack Obama rempilent pour un second mandat. Dans ce tableau d’une famille presque ordinaire de l’Est américain, quelques éléments vont venir dérégler la partition. La bêtise de Scott, le mariage ouvert de Deb et Scott, l’histoire d’amour abracadabrantesque de Maya et les folies de Gideon. Le lecteur sort alors les popcorns et se délectent.

Justesse et humanité

Ce roman fort raconte, en fait l’histoire d’une vie. De nos vies. Grandes et petites à la fois. Faites de renoncements, de pertes, de départs, de ruptures mais aussi de sourires. Il y a dans l’écriture de Ridker (déjà repéré dans ses colonnes pour “Les Altruistes”)une tendresse pour les personnages tout autant qu’une jubilation à les voir se perdre dans des décisions dont on comprend vite qu’elles seront mauvaises. “Perdants magnifiques” en quelques sorte.  Sa prose est virtuose. Il manie, tel Auster, Roth ou Franzen, cet art des aller-retours dans le temps comme dans l’espace qui s’imbriquent sans aucune douleur pour le lecteur qui sait toujours où il se situe. Ridker use également d’un humour dévastateur lors de certaines scènes dans lesquelles il décrit les errements de l’Amérique. Ne pas vouloir terminer sa lecture. Avoir envie d’en lire encore plus. La cerise sur le gâteau se situe dans ces moments où l’auteur, au-delà de l’histoire puissante de ses personnages, narre aussi un moment de l’histoire de l’Amérique contemporaine, mais aussi du Proche-Orient et cela résonne. Pour les États-Unis alors que Trump pourrait redevenir président, pour le Proche-Orient tandis que la tragédie en marche depuis le 7 octobre est toujours là. Ridker signe un roman indispensable de justesse et d’humanité.

“Hope”, Andrew Ridker, éditions de l’Olivier

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

Laisser un commentaire