Un nouveau roman d’Eric Reinhardt est toujours un événement. Soit parce qu’il peut décevoir, comme son précédent “Comédies Françaises”, soit saisir et passionner comme le fait son dernier opus : “Sarah, Susanne et l’écrivain”. Eric Reinhardt a ceci de particulier qu’il sait comme nul autre créer des portraits de femmes. Dans son œuvre : Victoria, Bénédicte, et désormais Susanne et Sarah. Dans ce roman où les mondes s’enchevêtrent : ceux des personnages, celui de l’écrivain, et celui du lecteur, Reinhardt ausculte à la fois les parcours parallèles de ces deux femmes : Susanne et Sarah, qui de fait ne font qu’une, mais il narre aussi l’orfèvrerie du travail d’écrivain. Avec des thèmes récurrents chez lui : la domination, les dépendances, les chemins de vie qui se succèdent et s’interpellent.
Un roman bluffant
Comme toujours également, le style de Reinhardt porte l’ensemble, donne au lecteur la sensation de s’immiscer partout. Dans la tête des personnages, mais aussi dans la tête de l’écrivain. Jeux de miroir, mise en abyme multiple, circonvolution qui donnent du souffle au livre. Un souffle particulier qui enveloppe le lecteur et l’invite à découvrir ce qui se cache sous les apparences et dans les intentions des personnages autant que dans celles de l’écrivain au travail. On pourrait s’y perdre, mais Reinhardt balise le chemin et chacune des balises donne envie de poursuivre. Ressortir de la lecture avec une sensation particulière : celle d’avoir lu un livre bluffant. Dans sa construction comme dans son histoire, et son enseignement. A ne pas rater.
“Sarah, Susanne, et l’écrivain”, Gallimard.
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