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Pêche de vie

Berlioux Ernest Vendredi

L’expression est peut-être éculée, mais elle est réelle. Ce livre m’a mis une claque. Une claque par son sujet, et surtout, surtout une claque par l’écriture. C’est l’histoire de Diane et d’Aurélien. Elle a 26 ans. Elle tombe amoureuse. Lui est un peu plus âgé. Il a 39 ans, et a déjà une fille. Leur amour est voluptueux et sensuel. Un jour, comme ils sont bien tous les deux, l’envie d’un enfant vient. Forcément. Ils sont heureux. Joyeux. Ils font l’amour. Encore et encore. Désir de vie. Désir d’enfant. Désir, tout court. Cela dure plusieurs mois. L’excitation se mêle à l’attente. Au départ, l’inquiétude n’est pas là. Et puis insidieusement, elle s’installe. Elle s’invite à la table de leur amour. Les médecins aussi. La FIV (fécondation in vitro), le parcours du combattant également. Le désir s’émousse. Les espoirs, les échecs. La ténacité. La déprime. Les tentatives, toujours. L’éloignement. Les échecs, encore. Vouloir, essayer, échouer, accepter. Dans son premier roman, maitrisé d’un bout à l’autre, Salomé Berlioux nous parle de l’infertilité qui touche un couple sur sept, sans que jamais le sujet ne soit réellement raconte.

Un texte solaire

La force du texte est triple. Non seulement, ce n’est pas un document ou un récit de vie, c’est une fiction tirée de la réalité. Par ses mots, par son écriture électrique et pourtant enveloppante, Berlioux fait de cette histoire une histoire romanesque, littéraire, pleine de suspense, et surtout pleine d’universalité tant chacun et chacune peut s’identifier aux doutes des personnages. A leurs espoirs et à leurs peines. Sans jamais être larmoyant ou mélodramatique. Au contraire, c’est plein de finesse et de subtilité. Mieux, c’est le deuxième aspect de la force du texte, Berlioux / Diane nous parlent de féminité, de désir d’enfants, et des sensations intenses qu’une mère potentielle peut ressentir. Enfin, et c’est la troisième force de ce texte : il touche, il remue, il émeut, il nous laisse haletant. Surtout, il n’est jamais larmoyant, jamais dans une position victimaire. C’est un texte solaire sur un drame. Sur une perte avant que d’être. Un texte plein de pêche de vie.

Salomé Berlioux, “La peau des pêches”, Stock. 20,90 euros.

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