Comment la bonne volonté peut-elle s’avérer désastreuse. Cela se passe en Islande. Le pays décide d’un référendum où l’objet est d’accepter pour la population la mise en place d’un test d’empathie. Une façon de tester la moralité et surtout la compassion des individus. Une façon aussi d’interroger le rapport à la norme. Qu’advient-il de ceux qui échouent ? Frida Isberg, l’autrice de ce roman dystopique est une poétesse islandaise reconnue qui signe ici ce premier roman virevoltant, plein d’intelligence et de finesse.
Haletant et intelligent
Dans la “Marque”, elle questionne le rapport de nos sociétés avec ce qui constitue la doxa. “ Ou je suis d’accord avec la doxa ou je suis une mauvaise personne”, affirme d’ailleurs l’un des personnages qui ne souhaite pas se soumettre au test. Dans cette société qui dérive vers une forme de norme pour vivre ensemble, la majorité des individus se soumet, quelques uns comme Vetur, Eyha, Tristan et Oli se posent la question de la résistance. Qu’impliquera-t-elle ? Dans un livre vif, haletant, contemporain, Isberg questionne notre monde et nos petits renoncements qui peuvent mis bout à bout devenir un grand renoncement à nos vies privées, à nos façon d’être et à notre unicité. Si le pitch peut sembler être déjà lu, il n’en est rien. “La marque” est un livre remarquable, efficace, et plein de force. Surtout, il n’est pas un simple exercice dystopique, il est une oeuvre littéraire qui laisse une trace une fois la dernière page lue. Un livre qui dialogue avec celui d’Adous Huxley, “Le meilleur des mondes”, ou avec le film “Bienvenue à Gattaca”. Avec une question majeure : faut-il vraiment se laisser faire ?
“La marque”, Frida Isberg, Pavillons Robert Laffont.
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