Sarah Chiche est une autrice qui compte. Après les Enténébrés, après Saturne, elle revient avec un roman d'aventures flamboyant qui interroge le rapport à la connaissance et même la passion - qui peut être destructrice - de la connaissance. Elle convoque le crâne de Goya et des personnages inoubliables qui portent avec force et vigueur son histoire. Rencontre.
Photos : Bénédicte Roscot
En refermant, "Les Alchimies", roman fort et haletant qui prend le lecteur aux tripes pour ne plus le laisser tranquille, l'envie d'une rencontre et d'une discussion avec Sarah Chiche, qu'Ernest suit depuis de nombreuses années maintenant, s'est dessinée. La discussion fut à la hauteur du livre. Il est question du processus d'écriture, du lien entre véracité et vérité et aussi, évidemment de l'histoire folle du crâne de Goya, toile de fond du roman, qui permet de raconter comment une recherche sans fin peut détruire. Sublime roman, superbe rencontre.
Avec Les Alchimies, vous vous démarquez de Saturne ou des Enténébrés qui comportaient une veine autobiographique, pour raconter complètement autre chose. Pourquoi ce choix ?
Sarah Chiche : Un geste, une envie d’intrépidité, d’aller voir au loin. Il y a des écrivains dont l’œuvre consiste à raconter, de livre en livre, la même histoire, et ce geste de répétition ou de reprise peut être beau de sa fixité même. Et il y en a d’autres qui, au gré des cycles d’écriture, vont explorer et traduire des époques, des visages, des paysages, des mondes tout à fait différents. Une chose est sûre : s’il y a bien un lieu où il n’est pas question de se laisser assigner à résidence, c’est celui de l’écriture. Peut-être devrais-je dire : demander à un auteur de faire toujours le même livre, si l’écriture ne le conduit pas à cette nécessité, c’est créer un enferment dont, à mon sens, la littérature n’a guère besoin.
Vous narrez, dans ce roman, l’histoire de la disparition du crâne de Goya. C’est en découvrant cette histoire que vous avez pensé Les Alchimies ?
Sarah Chiche : L’histoire de ce crâne est invraisemblable mais absolument véridique. Défenseur des Lumières, pourchassé par l’Inquisition, Goya s’exile à Bordeaux. Il y meurt en 1828. Soixante ans plus tard, au cours d’une promenade au cimetière de la Chartreuse, le Consul d’Espagne découvre par hasard sa tombe. Il entreprend des démarches pour faire rapatrier le corps de Goya à Madrid. Mais quand on l’exhume, stupeur : son crâne ne se trouve pas parmi les ossements.
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