Salut à toi Ernest, salut à toi Ernestien et à toi Ernestienne.
J’ai profité de mon été pour te tracer une carte postale. Tu sais cette petite chose désuète mais si jolie qui consiste à simplement dire à quelqu’un, ou à quelqu’une “je pense à toi.”
A peine rentré que déjà une fatigue étreint. Réchauffement climatique partout. L’antisémitisme à l’honneur chez ceux qui pensent le climat. Je sais que tu ne voulais pas revenir. Je sais que tu rêvais d’une virée à moto sur les routes d’Italie avec pour seul guide l’envie d’ici ou de là. Je sais que tes lecteurs et tes lectrices qui sont au rendez-vous du dimanche ce matin n’avaient pas non plus forcément envie de revenir. Mais chers amis, vous le savez, le seul et l’unique rendez-vous avec un journal du dimanche désormais se situe dans les colonnes de cette lettre.
Durant l’été, des polémiques ineptes. Je sais que tu as été plongé dans la rentrée littéraire et certaines de ses magnifiques réussites dont tu nous parles et dont tu nous parleras. Dans l’écriture aussi, peut-être. Que te souhaiter pour la rentrée ?
Des abonnées et des abonnés à foison. Qui parlent autour d’eux de ce que tu tentes de faire chaque semaine et qui font la publicité pour en faire venir d’autres.
Des imprévus, aussi. De ceux qui te mettent en mouvement. Vers le mieux. Ils sont rares. Ils sont précieux. Puisses-tu les reconnaitre si d’aventure ils se présentent. Je sais que tu le peux.
Te souhaiter aussi de revenir avec la même joie que celle qui fut la tienne au moment du départ dans cet « éloge du déplacement » que tu nous livras alors. Le déplacement, tu le sais, nous le savons, implique le retour. Revenir en étranger chez soi. Pour regarder différemment et inventer encore. “Le voyage qui vous fait ou vous défait”, écrit Bouvier.
“Rien ne laisse présager le succès du retour d’Ulysse, pas plus les premiers vers du poème épique que l’accueil réservé par Pénélope dans la dernière partie, écrit Céline Flécheux dans son joli ouvrage « Revenir. » “Aussi, poursuit l’autrice, tout au long de l’épopée, ce retour est-il distendu, désiré tout autant que repoussé, en cours d’accomplissement, mais toujours instable.” Retour instable.
Flux et reflux des envies. “On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve” confie Héraclite, fragment 134. Le faire quand même. Différemment. Pour connaître les vagues. Les apprivoiser. Leur résister. Retrouver les envies. Humer les parfums de la rentrée. Mirabelles, femmes toujours plus belles, elle, combats à mener.
“Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie…”, Kipling. Penser à la lettre de rentrée d’il y a un an : Rushdie, ici. Un nouveau roman de l’auteur paraîtra en cette rentrée. Une joie.
Penser à la lettre d’il y a deux ans : Paty (ici) et à ce combat de l’école, de la laïcité et du droit à la caricature qu’il fallait mener et qu’il convient toujours de porter.
Songer à celle d’il y a trois ans et à ce magnifique éloge du beau et du rigolo avec l’ouverture des possibles. De tous les possibles.
Te dire, Ernest, que si le désespoir parfois t’étreint et nous étreint, tous et toutes, je vois à nouveau ton sourire se dessiner tel celui des clowns lyriques de Romain Gary.
Oui, voilà, comme ceci, doucement, étire les lèvres, montre-moi tes dents, voilà tu y es ! Tu souris, je souris, nous sourions. La rentrée est là, mais le rire nous porte. L’envie revient. Nous sommes dimanche, c’est la rentrée. Et nous sommes prêts pour les combats à mener avec joie, détermination et fantaisie.
Bon dimanche,
Signé : la rentrée.”
L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)
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