Les trousses sont prêtes, les cahiers sont dans les cartables, les crayons sont taillés, et les mirabelles garnissent les étals des primeurs, bref la rentrée est bel et bien là. L’an dernier elle était déjà très particulière puisqu’elle succédait au premier confinement et à l’absence d’école. Peut-être l’est-elle encore un peu plus en ce mois de septembre 2021 tant ce que représente l’école de la République n’a jamais été aussi important pour que notre monde ne s’écroule pas. Cette rentrée de septembre 2021 est la première grande rentrée scolaire (on ne parle pas ici des rentrées suite aux petites vacances, mais bel et bien de la rentrée qui cause des papillons dans le ventre à tous les élèves, quel que soit leur âge et leur niveau) qui survient après l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020.
Faut-il vraiment rappeler l’histoire de ce professeur d’Histoire-Géographie pris pour cible par des fanatiques pour avoir enseigné la liberté d’expression et expliqué ce qu’était une caricature ? Il fut donc menacé et non soutenu par une partie de sa hiérarchie et de ses collègues puis assassiné sauvagement par un fasciste islamiste. Oui il le faut. Pour l’histoire, pour ne jamais oublier et pour comprendre que cela est vraiment arrivé en France en 2020.
Ce qu’il faut sans cesse rappeler, en revanche, c’est le rôle crucial, fondamental, indispensable des professeurs de notre pays. Tous ces Samuel Paty, tous ces Monsieur Germain qui chaque jour, parfois méprisés, œuvrent pour faire des citoyens. C’est à ceux-là que nous pensons ce matin. Ils n’abdiquent pas devant la bêtise, défendent la connaissance, le savoir, l’esprit critique et l’amour de la République, il nous faut chaque jour les soutenir, les aider, militer pour que leur travail puisse être réalisé dans les meilleures conditions possibles.
Au fond, ce qui nous meut dans cette rentrée, c’est l’idée de faire de ce moment de communion collective autour de l’école un moment de réflexion, mais aussi et surtout d’action pour l’avenir. Dans cette “rentrée Paty”, il serait beau que tous les enseignants de France prennent une heure ou deux pour raconter à nos élèves l’histoire de Samuel Paty, mais aussi celle du rôle de l’école dans notre pays, ainsi que les grandes dates de cette école si décriée et pourtant si précieuse. Que chacun et chacune, enseignants, gouvernants, citoyens, élèves, prenne aussi le temps de se demander ce qu’il peut faire pour son école. Celle de la République qui nous a tous et toutes fait grandir.
Écrivant ces mots, j’entends déjà les rigolards, les Cassandre qui pensent que tout est fichu et que l’école d’aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était hier. Certains de leurs arguments pourraient être entendus, mais en cette rentrée, alors que l’Afghanistan vient de retomber aux mains des fascistes religieux illettrés, nous avons plutôt envie de défendre, de vanter, d’améliorer, de dire à quel point ce que l’école de la République peut être contre le fanatisme est au-delà de l’essentiel. C’est l’essence même de ce que nous sommes.
Dans cette “rentrée Paty”, souhaitons à tous les élèves qui vont reprendre le chemin de l’école de bien apprendre, de bien comprendre, pour demain bien transmettre ce qui nous lie. Ce pacte républicain si précieux qui permet à tous et toutes, malgré des ratés, de vivre en paix, de s’élever, d’apprendre et même de revendiquer.
Bon dimanche de rentrée
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