L’été est là. Nombreux sont celles et ceux qui se déplacent. Pas très loin pour aller dans la famille ou visiter un coin de France plus calme. Loin pour se dépayser. Se déplacer pour se trouver. Se déplacer pour se ressourcer. Se déplacer pour regarder différemment l’année écoulée. Les joies, les peines. Les réussites, les ratés. Les moments exquis, les moments difficiles. Les sourires, les larmes. Les débuts, les fins. Ausculter les pertes comme les victoires. Polir ce qui est en cours. Inspecter ce qui est. Pour ce qu’il est. Sourire parce que le déplacement a ceci de joyeux qu’il oblige à envisager les choses autrement. Se déplacer physiquement, même si l’on change juste ses petites habitudes en restant au même endroit, simplement pour faire un peu différemment.
Se déplacer pour se poser. Se déplacer pour faire une pause. Pour ajuster le regard sur l’action menée et envisager celles à accomplir. Se déplacer pour sortir un peu de la route. Faire autrement. Envoyer valser les conventions pendant un temps. Faire ce pas de côté que l’on ose pas toujours faire dans l’année afin de pouvoir revenir plus serein dans l’axe de nos vies. Se déplacer pour oser la suspension, autant que les points de suspension… Inventer les suites.
Se déplacer pour vivre, pour aimer, pour se réapproprier le temps, pour parler fort, pour rire, pour pleurer, pour chanter, pour être ensemble, pour embrasser, pour serrer les amis, les parents dans les bras, pour explorer des mondes nouveaux et tester des idées nouvelles, pour faire l’amour, pour vivre nu (ainsi que nous y invite la philosophe Margaux Cassan que nous avions rencontrée il y a quelques semaines). Se déplacer pour retrouver la moiteur, la langueur, l’ouverture des possibles, les sons, les couleurs, les ennuis et les joies de ces étés d’adolescents qui forgèrent, en partie, ce que que nous sommes devenus. Se déplacer pour revenir. Se déplacer pour partir. Se déplacer pour rencontrer. Partir et repartir. Se déplacer pour se placer en apesanteur et (re)prendre place.
Se déplacer pour emmagasiner l’énergie positive qui sera nécessaire pour être invincible durant l’hiver. Pour s’émerveiller, aussi.
S’abreuver des mots à lire, se perdre dans les eaux salées, s’abandonner à la beauté d’un chemin de randonnée. Savouver les mots d’untel ou d’unetelle. Peut-être deviendront-ils des mots que l’on aura envie d’offrir, de passer, de partager. Se déplacer pour vivre des moments uniques avec les enfants. Se déplacer pour être. Être ailleurs et être soi. Nous n’avons fait que fuir. Chercher des additions, peut-être.
A Nantes, l’artiste plasticien Pierre Ramette pose des structures magistrales. Éloge de la transgression représente une écolière qui fait le mur, éloge du pas de côté représente un homme en équilibre instable, mais en équilibre tout de même. La structure de cette année est l’éloge du déplacement. Pour peut-être nous signifier que le déplacement qu’il soit physique et / ou intellectuel est ce qui nous nourrit. Qui permet à l’Homme de faire l’expérience sensible de l’autre. Qui lui permet de ne pas rester engoncé dans ses charentaises et dans son confort qui le rend peureux et intolérant. Un déplacement qui rend plus grand, plus fort, plus sensible, plus humain en quelques sortes.
Des mots pour vous souhaiter, Ernestiens du petit déjeuner, Ernestiennes du fond du lit, des déplacements artistiques et vacanciers qui soient des déplacements qui vous portent, ensuite, toute l’année.
Bon été, bonnes lectures, bon déplacement, bon dimanche.
L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)
Tous nos éditos sont là
[…] aussi de revenir avec la même joie que celle qui fut la tienne au moment du départ dans cet « éloge du déplacement » que tu nous livras alors. Le déplacement, tu le sais, nous le savons, implique le retour. […]