L’auguste collection “La Pléiade” de Gallimard vient enfin d’accueillir dans son catalogue, le prix Nobel de littérature 1962, John Steinbeck. Dans ce volume de la Pléiade sont rassemblés les quatre romans les plus célèbres de l’auteur. “Des souris et des hommes”, “En un combat douteux”, “A l’Est d’Eden”, et “les raisins de la colère”. S’y replonger ou s’y plonger donne la mesure de la langue sans oripeaux de Steinbeck. Il n’arrondit pas les angles et ses grévistes de “En un coimbat douteux” portent des revendications salariales d’une actualité folle. Comme si Steinbeck, “écrivain de la révolte” ainsi que l’écrit Christine Lemardeley-Cunci, venait d’hier pour parler d’aujourd’hui. Dans cet opus de La Pléiade, il manque quelques ouvrages de l’auteur des “Raisins”, et notamment son roman peu connu “Tortilla Flat”.
Un joli conte philosophique sur ce qui nous lie
Dans ce livre Steinbeck raconte l’histoire de Danny et des amis de Danny. Ils ne font rien, si ce n’est trouver à boire et se demander ce qu’ils vont bien pouvoir faire comme fête une fois le soir venu. Oscillant entre le conte philosophique et la fable amusante, Tortilla Flat met en valeur des hippies des années 20, qui au lieu de se mouvoir dans le monde industriel qui ne veut pas d’eux puisqu’ils sont “étrangers”, décident de s’extraire du monde et de s’amuser de lui. Dans ce village de la côte californienne, ces amis partagent une maison, vivent de mendicité et de larcins, et consomment le vin au gallon. Leur but : vivre l’amour ou le combat. Steinbeck, écrivain de la révolte, livre ici un roman inattendu, presque joyeux, où le ton humoristique peint des personnages marginaux qui ne sont pas sans rappeler “Zorba le grec”. Dans ce conte philosophique qui mérite d’être lu ou relu, il est question d’amour, d’amitié, de religion et de la vie. Bref de tout ce qui peut nous lier ou nous séparer. Vivement le deuxième tome de La Pleiade pour que Tortilla Flat y figure. Quoi qu’il en soit, en folio, c’est d’ores et déjà un régal.
“Tortilla Flat”, Steinbeck Folio
“Steinbeck, romans, La Pléiade”.
