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On ne laisse pas Betty dans un coin

Shreya Sharma NF72feSqLEs Unsplash

Depuis qu’il a lu ce livre durant l’été Jean Casel – co-fondateur de la librairie La Griffe Noire à Saint-Maur (94) – n’est plus tout à fait le même homme. C’est ce qui arrive lorsqu’on lit un livre bouleversant et sublime. Il nous raconte comment il est tombé amoureux de Betty. A ne pas manquer.

Pourquoi parler de Betty, alors qu’il accumule les prix, les louanges et les pages des magazines ? Parce qu’il serait dommage d’omettre de faire une chronique sous prétexte qu’il n’a plus besoin d’être soutenu. En effet, il ne faut pas se priver de vous donner encore plus envie de le lire car vous tenez là un des romans américains les plus importants de ces dernières années.
Ce roman ne rentre pas dans la catégorie des romans de l’école dit du Montana ou des Appalaches à l’instar d’auteurs remarquables comme Ron Rash où Thomas Mc Guane, il se situe encore à un autre niveau, celui du Steinbeck de “A l’est d’Eden” où des “Snopes” de Faulkner , pas moins!

Ernest Betty CaselSous couvert de raconter l’enfance et l’adolescence d’une jeune fille dans L’Ohio des années 1960, ce roman est en fait essentiellement un hymne à l’apprentissage de la vie, à la transmission et aux rapports humains. Il traite des rapports père -fille, il raconte l’enseignement d’un père à travers ses connaissances de la nature, ses histoires et les légendes de ses ancêtres indiens. Landon Carpenter est peut-être l’une des plus belles figures paternelles jamais rencontrées en littérature.

Le parcours de Betty nous narre les mystères de l’enfance, la perte de l’innocence, les rapports entre ses frères et sœurs entremêlés d’événements dramatiques. Nous sommes dans une petite ville de l’Amérique profonde des années 60 avec son lot de non-dit, de jalousie, de racisme, de domination sur les femmes que l’on peut prendre et jeter à sa guise. Pour se protéger des épreuves de la vie, Betty se réfugie petit à petit dans l’écriture, elle écrit sa douleur et son ressenti sur des pages et des pages pour qu’ensuite elles ne forment plus qu’une seule histoire, la sienne.

Elle veut être le témoin de ce temps qui passe inexorablement avec son lot de joies et de peines. Temps qui est aussi pétri de poésie de de croyances ancestrales. Ce livre rempli de mélancolie, mais aussi d’amour va vous marquer durablement. Ce roman est le roman de ce qui nous est légué par les générations précédentes, mais aussi le roman de ce que nous en faisons. C’est un livre sur une destinée familiale, et aussi et surtout sur la trajectoire d’une femme qui a perdu son innocence et transforme cette perte en poésie.

Vous n’êtes pas prêt d’oublier l’histoire de la petite indienne qui va rejoindre dans un coin de votre tête d’autres héroïnes de papier inoubliables. C’est la tout le pouvoir et la force de la littérature car sans elle il n’y a pas de vraie vie. Betty est un très grand livre. Ne le ratez pas. Une fois que vous l’aurez terminé, vous aurez envie de l’offrir et de le partager.

Betty, Tiffany McDaniel, Gallmeister, 26,40 euros.

Toutes les Griffes de Jean sont là.

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