Alors que les élections départementales et régionales ont montré une nouvelle fois le besoin de renouvellement et d’un nouveau souffle pour les idées sort cette semaine, aux éditions Bouquins, un livre formidable “Pour une échelle humaine” dans lequel 40 mousquetaires humanistes proposent et inventent un nouveau monde. Frédéric Potier vous en parle.
Ernestiens, ernestiennes,
Cette chronique sera cette semaine consacrée à une œuvre collective. Quarante, ils sont quarante, comme les voleurs d’Ali Baba, mais en beaucoup plus honnêtes, respectables et brillants, à avoir signé un « Manifeste pour une échelle humaine ». Quarante jeunes espoirs de gauche (dans les années 70 on aurait dit des « sabras ») – élus, intellectuels, responsables associatifs, chefs d’entreprise, hauts fonctionnaires – à se retrouver dans une noble ambition, celle de porter une relève politique ambitieuse rompant avec la sinistrose ambiante des petites détestations, des grandes querelles d’ego et des chantages électoraux mesquins. Quarante jeunes mousquetaires, non pas du Roi ni de la Reine et encore moins du Cardinal Richelieu, à prôner une « échelle humaine ».
Dans ce clin d’œil appuyé à ce magnifique texte que Léon Blum écrit revenant de déportation à Buchenwald, les auteurs proclament à la fois leur fidélité à la République mais aussi à la Planète. Leur ambition est de bâtir avec les citoyens une République écologique et altruiste compatible avec une Europe protectrice, écologique et juste. Refusant « l’opposition entre fin du mois et fin du monde » (jolie formule) ils souhaitent apporter une réponse « indissociablement républicaine, écologique et altruiste ». Dans la grande tradition universaliste française, celle de Victor Hugo ou de la Résistance, les auteurs appellent la France à se montrer à la hauteur des enjeux qu’appellent les nombreuses « crises-Monde » que nous connaissons.
Un texte brillant, percutant, plein d’espoir
En cela, il s’agit d’un appel à la mobilisation résolument optimiste et énergique derrière lequel on retrouve l’incontournable duo David Djaiz – Chloé Ridel mais aussi la jeune garde des élus locaux de gauche qu’ils soient marseillais comme Olivia Fortin ou nantais comme Bassem Asseh. Bref, enfin un tir-groupé qui tranche avec les aventuriers de la politique en solitaire qui ont fleuri ces dernières années. Comme quoi, la politique peut aussi être une affaire de potes !
La conclusion du Manifeste formule une synthèse qui s’apparente à ce qui pourrait être demain le socle d’une offre politique inédite et propose trois grandes lois pour reconstruire un destin collectif : « La grande loi républicaine, pour reconstruire un destin collectif. La grande loi écologique pour une économie décarbonée et une société du bien-être. La grande loi altruiste, pour que s’imposent les coopérations, l’entraide et le soin ».
Même si je n’en suis pas signataire, je n’aurais pas modifié un seul mot de ce texte brillant et percutant qui nous change des proclamations creuses et des pétitions stéréotypées. On remercie donc vivement les éditions Bouquins (dont Emmanuel Clerc est l’un des architectes) d’avoir ouvert leur catalogue à cette excellente initiative pour la modique somme de 9€. Nul doute que ce texte fera réagir et souhaitons même qu’il génère une dynamique politique nouvelle (on en a grand besoin).
Manifeste pour une échelle humaine, collectif, éditions Bouquins Essais, 9 euros.