Premier épisode de notre série féministe sur les héroïnes de romans inspirantes et modèles pour demain. Aujourd’hui nous vous présentons Victoria de Winter. Victoria, c’est l’héroïne du “Système Victoria” d’Eric Reinhardt paru chez Stock et disponible en Folio. Voici donc Victoria, modèle de working girl libérée et libre.
Après avoir songé à Antigone et à la Marquise de Merteuil, il fallait une héroïne moderne. Une femme à qui on peut facilement s’identifier. Dans cet exercice la première héroïne qui est venue à l’esprit, c’est Victoria. Victoria, c’est l’un des personnages principaux du superbe roman d’Eric Reinhardt, le « Système Victoria ». Nous vous en parlions ici. Victoria est une femme complètement libérée de toutes les sortes de contraintes. De celles issues de son éducation, mais aussi des contraintes financières ou des contraintes d’images. Victoria est Exécutive Vice-Présidente-DRH Monde d’une multinationale. Elle gagne sa vie, parvient à se mouvoir aisément dans le monde de l’entreprise. Cela sans se transformer en homme.
Victoria, modèle réussi de femme de pouvoir
Elle est également libérée des contraintes du désir. Victoria n’a pas de tabous. Elle sait ce qu’elle aime et ce qu’elle veut. Elle l’affirme haut et fort, au point même de déstabiliser parfois David Kolski, son amant, un brin misogyne…Victoria pourrait être prise pour la working girl un brin masculine. Elle en est l’opposé. Au contraire. Victoria est une femme qui a dû par instants s’affirmer comme un homme, mais Victoria est une femme puissante, affirmée, bien dans son corps et dans son esprit.
Victoria est une femme qui aime être féminine. Victoria est véritablement une héroïne des temps modernes. De celles qui peuvent être des exemples pour des femmes qui auraient envie d’allier avec brio réussite professionnelle éclatante, équilibre personnel et joies des désirs interdits parfois assouvis. L’ambiguïté sexuelle est aussi l’une des thématiques du livre. Le couple David/Victoria est une espèce de mélange des genres. David a quelque chose de féminin dans son rapport au monde alors que Victoria se montre très masculine, notamment dans l’affirmation de son désir et de sa sexualité dévorante.
Quand on vous dit que le personnage de Victoria a tout d’un nouveau modèle. Il se fond assez bien d’ailleurs dans la description du nécessaire renouvellement du rapport homme-femme que la philosophe et auteure Bélinda Canone appelait de ses vœux dans une tribune du Monde. Qu’écrivait Canone ? “Le jour où les femmes se sentiront parfaitement autorisées à exprimer leur désir, où l’entreprise de la séduction sera réellement partagée, elles ne seront plus des proies et ne se percevront plus comme telles. Encore faut-il qu’elles aient la possibilité de devenir aussi entreprenantes que les hommes, aussi actives, aussi sûres de leurs désirs.” Cela pourrait tout à fait décrire Victoria…
Extraits du livre :
“Cette femme me plaît, l’atmosphère qui en émane, l’austérité de ses vêtements, son port de tête, la manière dont elle se tient. Un rayonnement de reine. Prospérité et élégance. (…) Cheveux massifs, ondulés. Corpulente, une poitrine volumineuse. Un mètre quatre-vingt, environ. (…). Ses mollets me plaisent, arrondis, affirmés, tendus par les petits talons de ses chaussures. Ils érotisent sa présence ; les regarder me donne envie de faire l’amour avec elle. (…). Elle a levé la tête avec un sourire que j’ai vu s’épanouir lentement après qu’elle eut fini sa phrase : « Je crois que je vais prendre une chambre. On va aller faire l’amour dans une chambre, maintenant, tout de suite, allons-y, prends tes affaires, viens avec moi”
“Je pense n’avoir jamais rencontré aucune femme qui à ce point possédait la capacité de se montrer si différente selon l’angle où on la regardait, ou la distance, ou le contexte. Victoria avait littéralement plusieurs visages, des visages qui n’avaient rien avoir les uns avec les autres, qui traversaient les âges et les fonctions, les imaginaires et les territoires, et je trouvais cette faculté surnaturelle, surnaturelle et subjuguante”