5 min

Diane Ducret, flamant rose de Paris

Diane Ducret / Patrice Normand

Il y a des auteurs que l'on attend. Diane Ducret fait partie de ceux-là. Elle revient avec un roman très personnel et pourtant très universel. Un roman émouvant et drôle. Un roman sur la reconquête d'une liberté et un roman plein d'espoir. Un roman qui voyage beaucoup. Du coup, nous nous sommes baladés à Paris avec Diane Ducret dans des lieux qu'elle affectionne particulièrement. Discussion poétique.

Le soleil était intense. La lumière étincelante comme ces lumières des matins d'hiver. Ces matins des froids secs. C'est par ce froid intense que nous avions décidé de rencontrer Diane Ducret dans les différents lieux qu'elle aime à Paris. Cela pour épouser le mouvement. Ce mouvement entre Gdansk, Biarritz, Paris, l'Amérique, Le Caire ou la Jamaïque qui est si présent dans son dernier livre "La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose" paru chez Flammarion. Diane Ducret, nous la suivons depuis fort longtemps maintenant ici, ou encore sur Ernest pour son superbe "Les Indésirables" paru l'an dernier. Elle est à la fois historienne essayiste reconnue et passionnante (Femmes de dictateurs 1&2, la Chair Interdite, Lady Scarface, Corpus Equi) et une romancière essentielle (L'homme idéal existe il est québecquois et Les Indésirables). Avec son dernier livre, Diane Ducret franchi une nouvelle étape. Celle du livre très personnel qui a pourtant une dimension universelle.

[caption id="attachment_8524" align="alignright" width="433"]Diane Ducret 13 Photo de Patrice Normand au OFF Paris Seine[/caption]

Le pitch est assez simple : Enaïd (anagramme de Diane) est à Gdansk. Son dernier amour la quitte au téléphone. Cet évènement  l'amène à se retourner sur sa vie. Quelques instants après, un autre appel lui apprend que sa mère qu'elle n'a pas vue depuis l'âge de 3 ans est atteint d'un cancer incurable. A partir de ces deux évènements de vie, Diane Ducret remonte le fil de son histoire. Pardon de celle d'Enaïd. De cette recherche d'amour. "Ce livre est en effet celui d'une quête. Celle de l'amour propre, mais aussi de l'amour des autres", nous confie une Diane Ducret émue au OFF Paris Seine sur le Quai d'Austerlitz à Paris, où elle a écrit une très grande partie de son roman. Dans ce livre, il est aussi question de l'accident qui aurait dû clouer Diane sur une chaise et ne plus lui permettre de marcher. La "Meilleure façon de marcher est celle du flamant rose" est aussi un livre drôle et virevoltant : "les bêtises d'adultes changent la vie des enfants", peut-on par exemple y lire.

Ce roman émouvant, c'est aussi un livre sur la fuite et les nouveaux départs, mais aussi sur les retours. Ducret : "Votre analyse est juste. La fuite car quand on aime il faut parfois partir, la fuite parce qu'elle permet aussi de se recentrer. Les nouveaux départs et les renaissances parce qu'au fond c'est ce que nous faisons tous tout le temps". Diane Ducret s'interrompt un instant. Solennelle. Elle reprend "ce que j'ai envie de penser c'est que ce livre c'est aussi une façon de nous rappeler collectivement qu'au lieu de vivre sur le passé ou sur les rêves de choses à venir, il nous faut aussi être au présent". C'est ainsi que dans une scène très émouvante à la fin du livre Enaïd retrouve Lena, sa mère et lui dit : "Sois ma mère pendant les deux heures qu'il nous reste à vivre ensemble".   Il était ensuite temps de partir avec Diane Ducret dans la pérégrination de ses lieux adorés à Paris. Toutefois, une question demeurait : pourquoi ce titre ?  Diane Ducret hésite. Et se lance : "je travaillais sur un autre livre. J'avais déjà écrit 100 000 signes. Et puis un matin, je prenais ma douche, l'eau coulait sur moi et je me suis sentie bien. Sur mes jambes. En équilibre instable, mais en équilibre. L'image du flamant rose m'est venue. Nous sommes tous des flamants roses. Nous claudiquons. Je suis sortie de la douche, je me suis mise à écrire ce livre."

[caption id="attachment_8523" align="alignleft" width="394"]Diane Ducret Photo de Patrice Normand[/caption]