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Benedict Wells : écrivain impressionniste

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Sortir des sentiers battus. Donner à découvrir des auteurs encore peu connus. C'est l'une des mission d'Ernest. C'est pourquoi nous sommes allés rencontrer Benedict Wells, jeune prodige des lettres allemandes. Son premier livre traduit en France "La fin de la solitude" aux Editions Slatkine est un bijou et une découverte Ernest. On vous en parlait ici.

Wells Solitude 1L'Américain Paul Auster, dans son premier livre, parlait de "l'invention de la solitude". Il relatait la perte de son père, et la solitude des personnages. Il racontait, aussi, quelles étaient les voies à explorer pour, peut-être, atténuer cette solitude pesante mais également créatrice. C'était en 1982. Et le livre de Paul Auster a été le point de départ d'une œuvre littéraire sublime et d'une nouvelle façon d'explorer les tribulations intérieures des personnages. 2017, c'est cette fois-ci Outre Rhin qu'un auteur nous emmène dans cette exploration. Avec justesse, finesse et volonté de guérir certaines de nos plaies, là où Paul Auster ne le souhaitait pas. Bien malin, celui qui pourra dire si l'empreinte de Wells dans la littérature sera aussi importante que celle de Paul Auster, quoiqu'il en soit, son premier livre traduit en France et publié chez l'excellente maison "Slatkine et compagnie" est une vraie réussite qui reste très longtemps en tête.

Photos:  Patrice Normand

Question traditionnelle d’Ernest : comment pitchez-vous, en une phrase votre livre ?

Benedict Wells : Wouaw en une phrase c’est compliqué ! Elle va devoir être longue ! C’est une histoire sur les choses invariables en nous. C’est aussi une histoire sur comment mettre fin à la solitude et à la perte. C’est une histoire de famille, et pour finir, c’est une histoire d’amour.

Quel a été le déclencheur de cette histoire ?

Je suis parti de mes expériences personnelles pour raconter une histoire qui ne m’est pas du tout arrivée. Ainsi, peut-être est-ce mon livre le plus personnel, mais il reste avant tout une fiction. Ensuite, il y a deux faces de l’auteur. Le moi public. Et le moi qui raconte ma voix intérieure et qui exprime quelque chose que l’on ne peut pas dire en public. Mes trois premiers livres (non traduits en français, NDLR) exploraient ce moi public. Celui-ci, est tourné vers mes questionnements intérieurs.

Benedict Wells 02

Kundera dit que chaque personnages sont des égos expérimentaux de l’auteur. Êtes-vous d'accord avec cela ?

J’aime beaucoup cette phrase. Elle est très vraie. Je me réfère aussi à Harry Potter pour dire que dans chaque livre il y a un peu d’âme de l’auteur. Je suis proche de Jules, mais aussi proche de tous mes personnages. C’est cela le pouvoir de l’écrivain : d’être partout parmi tous ses personnages.

"Pour surmonter la solitude de la perte, mes personnages ont besoin les uns des autres"