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Passion amicale

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“Parce que c’était lui parce que c’était moi”. Montaigne, La Boétie. Sur l’évidence de l’amitié. Sur l’évidence du lien électif qui se noue entre deux personnes et qui leur permet de vivre un morceau ou tout leur chemin de vie côte à côte, dans le regard bienveillant, dans le regard qui tend le miroir, dans le regard qui accompagne autant qu’il conseille parfois de changer de chemin. Le regard d’un ami. D’un vrai ami. C’est le regard que partageaient Armelle, Rim et Anna jeunes quarantenaires, mère épuisées qui décident de repartir à l’assaut de leur jeunesse en prévoyant un week-end entre filles à Djerba. C’est le premier tableau du nouveau roman de Nolwenn Le Blevennec, simplement intitulé “Les Amis”. Dans ce livre l’autrice explore toutes les complexités et toutes les complicités qui assaillent les ami(e)s en général et emporte le lecteur dans une oscillation permanente entre nostalgie et rire, entre colère et douceur. Les trois amies sont des femmes de leur époque. Prises entre les injonctions de réussite, les besoins d’être à la fois des mamans modèles, des amantes passionnantes et des working-girl infaillibles.

Une histoire haletante

L’histoire pourrait paraître banale, mais elle est portée par l’écriture habile et agréable de Le Blevennec qui d’une page à l’autre brosse un portrait qui tue, réserve un sort au développement personnel et raconte à travers le regard de ses trois héroïnes le monde qui les entourent. Mieux que cela, elle narre aussi ce qui construit et aussi ce qui détruit (parfois) les amitiés que l’on pense indestructibles. Rim, Armelle et Anna repartiront en week-end. Sur une île au large de Morlaix. Cela ne sera pas exactement la même musique que lors de leur escapade tunisienne. Peut-être que la jalousie, les non-dits, les frustrations de la vie viendront ternir les relations entre les trois femmes. L’écriture de Le Blevennec est enveloppante et le lecteur a envie et besoin de connaître la suite de ce livre qui se lit comme un page-turner. Autant la littérature a exploré de fonds en comble le sentiment amoureux, autant elle a toujours laissé un peu de côté l’amitié avec ses intenses luminosités et ses ténèbres profondes. Le bouquin réussi de Nolwenn Le Blevennec s’en amuse et ausculte cela avec intelligence romanesque. Il serait dommage de passer à côté.

“Les amies”, Nolwenn Le Blevennec, Gallimard.

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

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