Sonia Ristic est l’une des grandes autrices contemporaines. Nous l’avions écrit ici et là. Son dernier opus, “Triptyque en Ré mineur” aux éditions Intervalles, ne déroge pas à la règle. Il vient même la confirmer. D’abord dans les histoires que nous raconte Ristic. Ces trois histoires d’amour comme inachevées. Celle d’un Américain et d’une Yougoslave qui enflamment les lettres de mots flamboyants, celle d’une professeure et d’un étudiant qui jouent le jeu de la séduction dans une fac contemporaine, et celle dans le Berlin des nazis de deux femmes qui tentent de s’aimer. Trois passions dans lesquelles l’intime se mêle à l’extime et au monde qui s’embrase. Où le passé résonne avec le présent et où l’ensemble tend vers l’avenir. Ou pas. Ce livre est celui d’une autrice qui sait nouer les liens entre les époques, qui sait tirer la quintessence de l’individuel pour l’emmener vers le collectif.
Virtuose narration
Ce roman de Sonia Ristic est une symphonie. Celle de femmes qui ont soif de liberté, qui ont envie de vivre un amour qui leur ressemble dans ce qu’elles sont au plus profond d’elles-mêmes. Ce qui donne au livre une force plus importante encore, celle des grands romans, c’est la façon dont l’autrice choisit pour chacune des histoires une forme littéraire particulière sans que cela ne perturbe le lecteur. Ainsi ce triptyque est à la fois un roman épistolaire, un livre d’autofiction, et une nouvelle. Ristic se joue du lecteur en créant tant de la surprise que de l’émotion ou de la sensualité. Elle possède une plume et un sens de l’intrigue qui alpague et qui touche juste. Aucun mot n’est superflu. Elle nous fait rencontrer ses personnages : Milena, Clara, Sam, ou encore Lily et la narratrice. Tout se tient. Grâce à l’écriture. Grâce aux couleurs que Ristic met dans celle-ci. Les couleurs de nos vies. Les nuances de nos vies. Les passions de nos vies. Les amours de nos vies. Déçus, en cours ou inachevés. Les amours qui nous construisent par delà les vicissitudes du monde et de l’existence. “Il n’y a qu’un seul devoir, c’est celui d’aimer”, écrivait Camus.
“Triptyque en ré mineur”, Sonia Ristic, éditions Intervalles”