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Changer le monde, vraiment ?

Greg Rakozy OMpAz DN 9I Unsplash(1)

“Tu crois vraiment que la littérature peut changer le monde ?” C’est la question entendue alors que la vie amenait à travailler, penser, et aussi panser dans un café parisien avant un événement important. Les deux personnes, non loin de là, qui discutaient avaient une idée précise. C’était beau de les voir échanger, rire, de frôler les mains, s’aimer aussi. Elles possédaient cette fougue et ce regard rieur des gens qui s’aiment.

La question forcément a tourné dans la tête avant que les yeux ne soient ensuite attirés vers un article de journal. “ChatGPT est plus important que les retraites”. Et tiens, ChatGPT cet assistant d’intelligence artificielle, il en pensait quoi lui du fait que la littérature puisse ou non changer le monde ? La question lui fut posée.
Quelques éléments de sa réponse : “la littérature a le pouvoir de changer le monde de bien des façons. En remettant en question nos hypothèses et nos croyances, en inspirant le changement politique et social, en nous appelant à l’action et en apportant espoir et inspiration, la littérature peut être un catalyseur de changement positif. En tant que lecteurs, nous avons le pouvoir d’utiliser la littérature pour élargir notre compréhension du monde, sympathiser avec les autres et créer un avenir meilleur pour nous-mêmes et pour les générations futures.”

Bluffant ou pas ChatGPT ? Libre à vous de choisir. Un peu attendu, peut-être ? Quelques heures plus tard, il fut donné l’occasion de voir cette question être posée au grand Daniel Pennac. Et qu’a-t-il répondu ?  Dans un texte magnifique de 3’30 visible sur le site de la Grande Librairie, Pennac a dit les mots suivants : “La littérature ne fait pas ce genre de miracles. Alors à quoi sert-elle ? À rien. Si ce n’est à nous aider à nous supporter nous-mêmes et à combattre les pires calamités qui nous arrivent.” Et il a poursuivit : “Les lecteurs sont en revanche habités par la foule de personnages et d’auteurs qu’ils ont lu depuis qu’ils aiment lire. Cette foule n’est pas seulement une compagnie, c’est une force qui leur permet d’affronter les pires vacheries de la vie. Et cela s’appelle la littérature.”

Affronter les vacheries de la vie. S’interroger : la littérature peut-elle vraiment remplacer les apartés, les après-midi, les nuits, les heures de discussions, les sourires, la texture d’une peau que l’on aimait, la façon de boire une coupe de champagne, une main enchevêtrée à une autre, des lèvres posées où l’on a envie ? Pas certain. Mais, peut-être, Pennac a-t-il raison ? Si la littérature ne sauve pas le monde, peut-être qu’elle sauve nos vies. Reste que cela ne marche pas toujours. Mais on ne perd rien à essayer.

Bon dimanche,

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