1er mai. Fête des travailleurs, évidemment. Avec elle les cortèges de luttes, les chants, la beauté d’une utopie politique. Des choses que Gérard Mordillat, notamment, a su transcrire à merveille dans ses romans.
Mais en ce premier matin de mai 2022, l’envie est autre. Elle est dans le sillage d’un Gary de penser au bonheur et de ne pas en avoir peur car il est un bon moment à passer. Le 1er mai c’est aussi cela, symbolisé par les brins de muguet. Cette capacité à offrir du bonheur par le geste que l’on fait envers l’ami, l’amour ou le parent que l’on aime et à qui le brin s’adresse.
Il serait aisé de se moquer, de railler cette missive qui a la simple ambition d’être aussi douce à vos cœurs qu’un brin de muguet.
Cependant dans sa majestuosité comme dans sa fragilité, le muguet parle de nous. De notre humanité. De sa beauté, de sa force, de son inventivité, de sa lumière, ainsi que de ses failles. Dans ces moments où le monde tremble de la folie d’un homme, où les repères que l’on croyait acquis sont sans cesse à rappeler et à réexpliquer, le 1er mai et ses muguets tombe à point nommé pour se dire avec quelques brins de muguet que l’on s’aime. Et à défaut de s’aimer, au moins de se réconcilier.
Écrire ces quelques lignes amène à autre chose. A Camus, comme toujours. Et à notre époque où la violence des mots est devenue monnaie courante. « Quand j’insulte, je ne vois plus la couleur du regard de l’autre », notait Albert Camus.
Résonance avec ce que nous sommes devenus. Des silhouettes, plutôt que des individus et des êtres en discussion les uns avec les autres. Puissent ces quelques mots en forme de grappes et de clochettes blanches nous rapprocher les uns des autres.
Robert Desnos, ce poète surréaliste qui aimait les bars, les amis, le rire et le jazz et qui a su choisir sans ambages le camp de la résistance lors du conflit mondial de 1939-1945 au point d’y laisser la vie, avait eu des mots simples, joyeux et légers sur ce muguet.
Un bouquet de muguet,
Deux bouquets de muguet,
Au guet! Au guet!
Mes amis, il m’en souviendrait,
Chaque printemps au premier mai.
Trois bouquets de muguet,
Gai! Gai!
Au premier mai,
Franc bouquet de muguet.
Bon dimanche,
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