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A nos bonheurs partagés

Encore un rituel perdu. Il y a quelques semaines, alors que nous étions au démarrage du confinement, nous évoquions, ici, nos rituels perdus. Ces instants sportifs de communion que nous ne verrions pas cette année ou les films du festival de Cannes qui ne seraient pas découverts. Nous ne parlions pas alors du 1er mai. Des défilés, des manifestations républicaines ou surtout de notre habitude qui consiste, le 1er mai, à offrir du muguet. A ceux qu’on aime. Nos aînés, nos amours, nos amis.
Ce rituel ancré dans notre habitude dit le début du printemps. Il dit aussi le début de ce mois de mai que nous aimons tant. Ce mois de mai au cours duquel les possibles, comme les cloches du muguet, s’ouvrent à nous.
Les possibles des rêves politiques. En mémoire de ceux qui ont combattu depuis plus d’un siècle, le premier mai justement, pour se souvenir du massacres des travailleurs de Chicago qui réclamaient alors une journée de travail de huit heures. C’était un 1er mai.
Le muguet et le premier mai ce sont aussi les possibles de l’humain. Nos renaissances, nos rencontres, nos choix, nos renoncements. Dans cette symbolique du renouveau que charrie avec elle cette tradition de s’offrir du muguet, il y a aussi cette idée de passage. Passage de la dureté de l’hiver vers la douceur du printemps remplie de promesses.
Le muguet du 1er mai, c’est aussi et surtout souhaiter à ceux que l’on aime du bonheur. C’est un geste simple, facile, qui ne coûte pas grand chose mais qui dit beaucoup de l’estime que l’on porte à celui ou celle récipiendaire du brin de muguet.
Offrir du muguet, c’est souhaiter du bonheur à celui ou celle qui reçoit, mais c’est aussi dire que l’on souhaite partager avec lui ou elle du bonheur à venir.

Ce n’est pas un geste anodin, finalement, d’offrir du muguet. On pourrait le tourner en dérision, trouver cela désuet, on aurait tort. Le muguet, dans son symbole, c’est le rêve et l’amour. C’est le lendemain qui chante et l’amitié, c’est le sourire et le partage.

Étonnement, ce geste populaire dans le sens le plus noble du terme, n’est pas très prisé des auteurs et des autrices. Ils sont peu nombreux à avoir écrit dessus. Pas étonnant que ce soit Robert Desnos, ce poète surréaliste qui aimait les bars, les amis, le rire et le jazz et qui a su choisir sans ambages le camp de la résistance lors du conflit mondial de 1939-1945 au point d’y laisser la vie, qui ait écrit des mots simples, joyeux et légers sur ce muguet.

Un bouquet de muguet,


Deux bouquets de muguet,


Au guet! Au guet!


Mes amis, il m’en souviendrait,


Chaque printemps au premier mai.


Trois bouquets de muguet,


Gai! Gai!


Au premier mai,


Franc bouquet de muguet.

Lectrices, lecteurs, ce matin c’est un franc bouquet de muguet que nous vous offrons. Pour nous souhaiter, ensemble, du bonheur et du rêve. Simplement.

Bon dimanche.

L’édito paraît chaque dimanche matin dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et ensuite le lundi sur le site. 

Photo de Une crédit : DM

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