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Interlude – “Il faut aimer”

John Cameron URgn5D 7MJI Unsplash

De temps à autres dans notre lettre du dimanche matin (une fois par mois) “L’Ernestine”, inscrivez-vous elle est gratuite, l’interlude part d’une expression tirée d’un livre pour en faire une légère leçon de vie. Premier épisode : “Il faut aimer”, tirée de “La vie devant soi” de Romain Gary.

 

“Le docteur Ramon est même allé chercher mon parapluie Arthur, je me faisais du mauvais sang car personne n’en voudrait à cause de sa valeur sentimentale, il faut aimer.” Ce sont les derniers mots de “La vie devant soi” de Romain Gary. Arthur, c’est le parapluie de Momo. Cet objet symbolique qui est son ami ou son amour ou les deux. Les amours ne sont-ils pas des amis et inversement ? Arthur est donc un objet symbolique que Momo répare sans cesse, qu’il rapièce aussi. Celui avec qui il dort, avec qui il danse. Parfois dans le livre, Arthur “se casse” dans les deux sens du terme. Entre départ et brisure. Mais à la fin, “il faut aimer”. Arthur reste quelque chose de bizarre et de joli. D’inattendu.

Quelque chose qui fait chaud au cœur. Qui permet de découvrir les autres puisque le parapluie rapporte des conversations, mais aussi de se découvrir soi-même. Ce symbole, c’est donc quelque chose qui compte. Comme ces amours qui nous cueillent, qui nous déphasent. Comme ces amours qui restent là. Malgré les vents et les marées. Qui semblent s’en aller, mais reviennent. Rapiécés. Comme Arthur. D’ailleurs, rapiécé comme il est, Arthur devrait plutôt faire peur, et pourtant Momo le sait, “il faut aimer.”

Un seul devoir

Mais pourquoi donc nous parle-t-il de cela ce matin vous demandez-vous ? Peut-être parce que l’amour sera célébré commercialement demain. Peut-être, simplement, parce que ce message Garyen est un message d’espoir. Pour les amoureux, pour les amoureuses. Pour les amis. Pour les amants. Pour celles et ceux qui sont vivants. Profondément vivants. Humains donc. Trop humains. Peut-être parce que le hasard a mis cette phrase sur la route – comme le surgissement d’une chanson – et qu’elle résonne aussi avec ce que vivent les personnages de Nicolas Mathieu dans “Connemara”, notre livre du vendredi.

Peut-être aussi, parce que tout au long de la semaine, une envie de variation sur l’amour a tourné comme une ballade de Springsteen en nous. “Descendre à la rivière” (The river). Plonger dedans. S’y perdre. S’y amuser. Se faire du bien. Se faire du mal. Se brûler. Se soigner. Parce que parfois “on ne fait qu’avancer dans le noir” (Dancing in the dark). Et que ce noir est d’une lumière éclatante. C’est parce qu’il est incertain qu’il est à la fois difficile mais d’une folle beauté d’ailleurs.

Peut-être enfin, parce que quand les choses sont complexes dans nos vies, quand on a l’impression qu’elles nous échappent, que nous ne les contrôlons plus, que nous cherchons le sens, que l’on se sent vidé, ce qui reste, c’est le sourire échangé. La blague, la complicité d’un mot, le rigolo, la main passée innocemment dans les cheveux, les chansons écoutées, les rires, les larmes, les sourires, les souffles, les déjeuners, les livres partagés, les diners, les nuits. Les riens qui sont tout. Bref, de Gary à Camus en somme. L’un nous dit “il faut aimer” et termine “La promesse de l’aube” par l’expression “J’ai vécu”. Quand l’autre nous assigne un devoir, le seul qui compte : celui d’aimer.

Aimons-nous, donc, dans un interlude amoureux. Avec Gary, Camus, Springsteen et toutes celles et ceux qui nous chanterons. Musique !

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