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La vie, c’est une folie…

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“Terre brûlée….” En choisissant le titre d’une chanson populaire pour titrer son nouveau roman, Nicolas Mathieu envoyait déjà un signe aux lecteurs et aux lectrices : ce livre allait les concerner. Et même parler d’eux. Jouer de ce qui meut chacun et chacune d’entre nous : les petits riens et les grands touts. Les grands riens et les petits touts. Dans ce livre qui est peut-être plus réussi encore que “Leurs enfants après eux” qu’Ernest avait repéré avant les jurés du Goncourt 2018 , Nicolas Mathieu met en scène Hélène, partie à Paris pour sortir de son milieu des Vosges. Pour s’extirper et grandir. Elle décide toutefois de revenir avec mari et enfants. Elle est au moment charnière de sa vie. Ne sait plus exactement ce qu’elle doit faire ni même vers quoi elle doit tendre. Il y a aussi Christophe, ancienne gloire locale du hockey. Il est resté au pays. Il gère sa vie comme il peut. Entre son père qui perd un peu la boule et son fils que sa maman d’avec qui il est séparé veut emmener loin. Les deux vont se recroiser. L’un était – adolescent – le fantasme de l’autre. Entre eux, quelque chose va se nouer. Quelque chose de joyeux. Quelque chose qui raconte leurs parcours. Leurs envies, leurs doutes, leurs réussites, leurs peines, leurs peurs. Comme celles d’ailleurs des autres personnages qui peuplent le roman : Lison, Erwann, Charlie etc…

Dans les mots simples choisis par Mathieu, il y a de la justesse. En permanence. Que ce soit quand il décrit un rapport charnel, le sentiment du temps qui passe, la relation entre un père et son fils.  La force de Nicolas Mathieu, au-delà de cette capacité chirurgicale à décrire le réel tel qui est à la façon d’un Flaubert, c’est surtout de peindre ce que nous sommes. Humains, trop humains.

Délicate humanité

Car, ce livre n’est pas un livre « social » comme l’ensemble des critiques de ce pays veut nous le faire croire. Ce livre est un livre magnifique sur le temps qui passe. Sur ce qui meut les individus. Sur les chemins de vie. Sur les routes nationales, les autoroutes, et aussi les petits chemins de campagnes escarpées que chacun et chacune prend à un moment donné de sa vie.

C’est un livre qui parle de ce que la philosophe Adèle Van Reeth (lire notre entretien avec elle ici) appelle la vie ordinaire et sur ce qu’elle fait de nous. Et surtout ce que l’on fait avec elle.

C’est un livre sur les rencontres, les départs, les arrivées, les amours, les plaisirs de la chair.

C’est un livre sur les individus dans le monde et sur ce que le monde fait ou non de nous. C’est un livre émouvant, drôle, et un brin nostalgique aussi. C’est un livre qui interpelle aussi par sa construction tel le roulis d’une mer tantôt calme tantôt agitée mais qui dépose le lecteur sur le sable. Sonné et en même temps apaisé. C’est un livre sur la délicate humanité. Tant sur nos failles et nos faiblesses que sur nos réussites et nos forces. C’est un livre tendre. Un livre que l’on referme à regret.

C’est un très beau livre.

Connemara, Nicolas Mathieu, Actes Sud, 22 euros.

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

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