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L’équilibre de la joie

Busquets Ernest Gema

En 2015, avec “ça aussi ça passera”, Milena Busquets avait fait une entrée remarquée et remarquable sur la scène littéraire. L’autrice espagnole narrait alors l’été vécu par une femme qui venait de perdre sa mère. Elle se réfugiait alors dans une maison de vacances, joyeuse auberge où séjournaient amies, amants, enfants et ex-amoureux. Une troupe bigarrée qui permettait aussi à l’autrice de raconter ce temps particulier entre tristesse et bonheur de vivre, ce temps particulier dont on sait qu’il n’est pas réellement le temps tel qu’il devrait être mais dont on savoure, finalement, l’étrangeté.

Un magnifique portrait de femme

Milena Busquets vient de sortir un nouveau livre. “Gema”, paru dans la collection “domaine étranger” de Gallimard. La mort, à nouveau y est présente. La joie aussi. Le livre suit les traces d’une femme d’aujourd’hui, quadragénaire qui élève seule deux fils nés de deux pères différents. Elle essaye d’écrire et de gérer cet amant magnifique, jeune, plein de vie que toutes ses copines lui envient mais qu’elle trouve envahissant. Tribulations, douceur de vivre et profondeur des sensations vécues par l’héroïne. Arrive alors le souvenir inattendu de Gema, camarade de classe décédée brutalement bien des années auparavant. Dans la quête de l’ami disparue, c’est aussi une quête de soi que la narratrice poursuit. Un miroir qu’elle se tend finalement à elle même pour dresser une forme de bilan de sa vie. Ce livre est un beau portrait de femme, c’est aussi un livre plein de lucidité et de chaleur sur cette aventure de la vie. D’une femme qui cherche les équilibres. Tous les équilibres. Celui d’une mère, d’une amante, d’une compagne, et aussi d’une amie. La langue de Busquets a ceci de beau qu’elle allie légèreté et profondeur, désinvolture et précision, frivolité et intelligence, joie et peine. Car au fond, la narratrice tente – comme nous tous – tant bien que mal de trouver le point d’équilibre de la joie. Un beau moment de lecture.

Milena Busquets, Gema, Gallimard, 14,50 euros.

Tous les vendredis lecture d’Ernest sont là.

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