A un moment donné de nos vies, au tournant de la vingtaine, tout est ouvert et pourtant nous sommes parfois perdus. Perdus car effrayés par le champ des possibles et les choix qu’il faut opérer et en même temps remplis d’une énergie folle, créatrice, altruiste et puissamment vivante. « Je ne laisserai personne dire que 20 ans est le plus bel âge de la vie » écrivait Paul Nizan dans « Aden Arabie ».
C’est ce moment charnière que Jérôme Attal (nous vous avons déjà dit tout le bien que nous pensions de cet auteur ici et là) choisi de raconter dans son nouveau roman « l’âge des amours égoïstes » qui vient de paraître chez Robert Laffont. Nico a 25 ans, joue de la musique, essaye de terminer un mémoire sur Francis Bacon et, un jour, il croise Laura. Laura est une fille espiègle et libre. Nico tombe amoureux. Mais, en même temps, il se demande comment la revoir. Lui fait un cadeau (une tête de chou de Gainsbourg). Cela peut paraître banal. C’est surtout universel. Ce moment où l’on opère des choix ou l’on doit renoncer pour avancer. Ces moments où malgré tout les possibles restent immenses. Ces moments de construction joyeuse. Ces moments où l’ardeur de l’adolescence est encore là et en même temps, elle se polit d’une première forme de sagesse. Au fond, Attal raconte cette période où chacun cherche à se trouver sans se perdre. Ces moments de bascule si complexes et si beaux.
L’amour, toujours
Tout cela est raconté avec des mots simples, une plume délicate, humour et folie. “L’âge des amours égoïstes” est un livre tendre, drôle, mélancolique et joyeux à la fois. Un livre qui fait du bien. Un livre sur la jeunesse. Il y a même quelque chose de Modianesque dans la façon dont Nico / Attal déambule dans Paris à la recherche de Laura, explore ses souvenirs, joue de la nostalgie et de l’humour et finalement nous emmène avec lui sur le chemin escarpé mais tellement beau de l’amour entre les êtres. Jérôme Attal est un auteur sensible qui sait toucher le cœur de ses lecteurs. Loin d’un amour égoïste.
“L’âge des amours égoïstes”, Jérôme Attal, Robert Laffont, 19 euros.
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