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Vol de nuit

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Cette semaine, sur ses genoux, Carole Zalberg nous parle d’un roman intense. D’un roman qui touche au coeur publié par une maison d’édition indépendante. A ne pas manquer. Elle nous raconte.

 

A l’issue d’un été à la fois lent et traversé de mille accélérations du cœur, des corps, des éléments, ardent et monotone comme le sont les étés de la jeunesse, au moins dans nos mémoires, un break chute d’une falaise avec quatre adolescents à son bord.

Partis pour une plongée nocturne à la veille de commémorer la disparition d’un des leurs dans un naufrage, ils se retrouvent prisonniers de l’habitacle qui s’enfonce en un long ralenti dans l’outre-monde des abysses. Commence alors un récit semblant impossible à endiguer, mélange très habilement construit de souvenirs et de visions du narrateur dans lesquels s’immiscent ceux de ses camarades, leurs amours et leurs rêves restés en suspens. Le lecteur, baigné d’images, de sensations, d’un vocabulaire marin formant langue quasi étrangère, sorte de poétique de l’entre-deux : vie et mort, ville et nature, insouciance et maturité, flotte et coule et tournoie jusqu’au vertige.

L’émotion prend par surprise face à ce paysage dominé par les épaves – de bateaux, d’avion, de villas désertées, d’écrans dérobés et même de cassettes VHS venant sans cesse s’échouer sur cette côte de l’ouest. C’est un monde de précarité douce, non pas résignée mais en paix avec ce que le présent et l’avenir proposent : une existence d’où l’on s’évade par l’invention d’un ailleurs, qu’il soit au fond de l’océan, pays lointains ou danse des pensées. Un réel mutant déplié ici dans l’étirement du dernier souffle, où même les bleus sont des océans mystérieux sous la peau.

Tous les livres sur les “genoux de Carole” sont là.

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