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Nuit Debout

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Cette semaine, sur les genoux de Carole Zalberg, un livre sensible qui l’a beaucoup touchée.

 

RoudeixSandrine Roudeix possède décidément l’art du détail. Dans Pas la guerre, un huis-clos comme elle les affectionne, l’autrice qui, rappelons-le, est aussi photographe, recueille avec calme et précision, le pas de deux d’un jeune couple venant d’emménager. Chez l’homme, ce qui n’est pas anodin, trouver ou obtenir sa juste place étant l’un des sujets du roman. Sur une partition mille fois jouée, celle des contraires qui s’attirent et se repoussent et s’attirent jusqu’à l’apaisement ou l’extinction des feux, Pas la guerre fait entendre des notes sensibles et moins attendues : Assia et Franck sont comme deux mondes accueillants que des forces souterraines travaillent à leur insu. Des individus vus de si près qu’ils se fractionnent en multitude de trajectoires, de rêves et de désillusions. Assia se croit affranchie de ses origines – marocaines, musulmanes, modestes. Franck pense avoir prouvé par sa réussite professionnelle que le mépris paternel n’était pas mérité. L’espace d’une querelle nocturne aussi explosive que banale, les deux jeunes gens vont se débattre avec des tiraillements et des peurs souvent héritées de l’histoire familiale ou de leur environnement. Dans leur appartement très joliment décrit comme un radeau au milieu des bruits et mouvements de la ville, ils vont osciller entre colère, mauvaise foi et tendresse profonde. S’adresseront des reproches qui les dépassent, qui parlent de l’époque avec ce qu’elle a de lourd et d’exaltant. Tenteront, en vain, de contenir le désir embusqué. Car c’est le beau pari que fait Sandrine Roudeix : si l’on trouve le courage de leur obéir, les peaux et les ventres sauront toujours trouver le chemin de la paix, même fragile, même provisoire.

Toutes les chroniques de Carole Zalberg sont là.

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