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Exquises esquisses

Cal Avent #17

Le dessinateur italien Igort vient de terminer son cycle des Cahiers Japonais avec un troisième volume et un album hors-série : Kokoro, le son caché des choses. L’auteur y raconte son expérience de mangaka européen à Tokyo en bandes dessinées, notes ou croquis conçus comme des carnets intimes qu’il réorganise au fil de ses souvenirs et des gens qu’il croise.

Dans ses Cahiers Japonais, il évoque son Japon, celui de sa mémoire. À travers ses dessins, on flâne dans ses quartiers préférés ; à travers ses notes, on se questionne sur les ponts qui relient les cultures, sur l’art et la littérature, sur la bande dessinée et sa pratique. Dans ces trois volumes, Igort raconte en dessins ses années tokyoïtes et son travail d’auteur dans une industrie très différente de celle de la BD européenne que l’auteur connaît bien, lui qui est à la fois dessinateur, scénariste, mais aussi éditeur en Italie. Ces morceaux choisis de journal intime mettent en scène ses rencontres avec son ami Jiro Taniguchi (le plus français des mangakas), ses conversations avec Hayao Miyazaki (le réalisateur qui a hissé l’animation japonaise au sommet) ou ses entretiens avec de jeunes mangakas devenus incontournables aujourd’hui.

Dans son album Kokoro, il complète cette trilogie par un vrai-faux carnet de voyage. L’objet se présente au sens de lecture à l’italienne, avec une grande illustration par page ou des fac-similés de feuilles de carnets remplies de croquis, de dessins pris sur le vif, ou de notes manuscrites. Ici plus question de bande dessinée, les souvenirs s’empilent et se croisent autour de lieux ou d’objets qui les font surgir. Un carnet de dessin qui s’agrémente d’échanges avec Katsuhiro Otomo ( le créateur d’Akira) ou Rumiko Takahashi (De Ranma 1/2 à Juliette je t’aime, l’une des artistes contemporaines les plus influentes du manga) ou de réflexion sur le travail et l’influence de quelques grands maitres : Ozu, Hokusai ou Yoshiharu Tsuge. On y pioche des passages sur des artistes clefs, on y contemple les traces de ces balades graphiques dans Tokyo, on côtoie l’auteur dans ses réflexions sur les objets qu’il découvre, les plats qu’il goûte ou les œuvres qu’il s’approprie. Inclassables albums !

Ces livres formant « une trilogie + un » ne se suivent pas mais se répondent, invitent au feuilletage et à la relecture. Et si l’ensemble est d’une belle érudition, il reste accessible dans ce mélange d’anecdotes personnelles et culturelles portées par le dessin somptueux d’Igort.

Les Cahiers Japonais, Igort, Futuropolis (3 volumes)
Kokoro — Le son caché des choses, Igort, Ici Même (1 volume)

Tous les livres du calendrier de l’Avent sont là

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