Pierre-Henry Gomont est un magicien du crayon qui vous envoute par son trait, son rythme et ses couleurs. Ou plus exactement, sa lumière. Ses albums sont des merveilles qui se lisent autant qu’ils se contemplent. Lorsqu’on les feuillette, il n’est pas rare de tomber en arrêt devant une planche pour en saisir tous les détails de la construction ou, tout simplement, admirer l’éclat qui s’en dégage. En 3 albums, “Pereira prétend”, “Malaterre” et “La fuite du cerveau” (que nous vous avions présenté ici ), il a créé une œuvre immense et imposé ses talents de conteur au style ambitieux et flamboyant.
Avec “Malaterre“, paru en 2018, il nous livre un drame familial d’inspiration autobiographique. Ce récit jubilatoire nous fait suivre l’épopée de Gabriel Lesaffre, un patriarche bravache qui, fuyant son confort bourgeois, abandonne un beau jour femme et enfants pour tenter l’aventure au cœur de l’Afrique équatoriale en rachetant une exploitation forestière fondée par sa famille. Piètre gestionnaire, alcoolique, mégalomane et affabulateur, Gabriel se lance à corps perdu à la poursuite d’un destin fantasmé auquel il est le seul à croire. Une fuite en avant dans laquelle il entraine ses deux aînés qu’il a convaincu de venir le rejoindre, à force de manipulations. Évidemment, personne n’en sortira indemne.
Vif, trépident, bourré d’humour et de trouvailles graphiques d’une audace folle, “Malaterre” vous embarque dans une aventure ébouriffante et tragique sans vous laisser respirer un instant. Un album indispensable à glisser au pied du sapin de tous les amateurs de BD.
“Malaterre”, Pierre-Henry Gomont, Dargaud.
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