En automne, on a toujours envie de se câliner sous la douche ou ailleurs. Cela tombe bien, Virginie Bégaudeau a sélectionné pour nous de la très bonne et très chaude littérature érotique. Caliente !
Soumises – Gala Fur
En recevant le roman de Gala Fur, le plaisir était déjà là. J’avais le vif souvenir de son dictionnaire BDSM, et l’idée de lire une fiction de sa plume était incroyablement excitant. Le résultat est au-delà de tout.
J’ai rencontré six femmes passionnées par la soumission, mais pas uniquement sexuelle. Cérébrale aussi. J’ai voulu être la septième, je l’ai été en cachette. Voyeuse à travers les pages où les fantasmes étaient permis et réalisables. Se soumettre à une autre est un besoin existentiel dans leur vie, une pulsion. Une évidence que j’ai dû avouer. Il y a de l’intimité et de l’exhibition, de la tendresse derrière la douleur, j’ose dire derrière la cruauté de certaines pratiques. Les frontières entre plaisir, extase et terreur sont floues, elles n’existent pas chez Gala Fur.
Partager, rechercher, jouir
J’ai été jetée dans un imaginaire impossible, lumières tamisées et néons blancs, combinaison de cuir et peau à vif. J’ai été maltraitée et stimulée à la fois. Les cris de jouissance ont remplacé les cris de stupeur. J’ai fermé les yeux et me suis laissée emporter par le saphisme qui m’était encore inconnu, par l’osmose de ces courbes féminines, de cette soif de sexe jamais égalée.
J’ai aimé l’univers SM qu’elle décrit parce qu’elle le vit. Pleinement. Luxurieuse qu’elle est. Et je l’ai suivie avec cette flamme et cette ferveur qui n’a quittée ni mon ventre ni mon entre jambe à mesure que je devenais l’une de ses héroïnes. L’authenticité du texte est la plus belle réussite de l’œuvre, mais ses mots posés, arrogants, élégants, sont le symbole d’une expertise et d’une envie forte : partager, rechercher et jouir.
Une occasion supplémentaire pour se convaincre de rejoindre les prochaines soirées de Gala Fur, et peut-être de devenir, un jour, le protagoniste d’un de ses prochains romans.
Les Malheurs de Frimousse- Walter de Roanac
Ah…les années 70 ! Ma madeleine de Proust sans y avoir goûtée, mon idéal sexuel et ma décennie de fantasmes par excellence. J’ai empoigné les « Malheurs de Frimousse » comme on empoigne un corps : avec la furieuse envie de le dévorer tout en savourant quelques instants. Jovial, léger, sans tabou, j’ai retrouvé la femme que j’aurais voulu être dans un monde pornographique : libérée, effrontée, obscène. Et pourtant, l’innocence à chaque contour de peau, sur chaque trait du visage.
Une sexualité joyeuse
Frimousse est insatiable. De sexe fort et de sexe interdit. De sexe nature et de sexe saphique. Avec Jean-Raoul son cousin, Sylvie sa meilleure amie dans une scène d’essayage de sous-vêtements clichée mais monstrueusement excitante, avec un sportif ou un garagiste. Contrairement à ce que j’avais craint pour Frimousse, elle ne vit aucun malheurs. Seulement une succession lubrique de jeux coquins qui ravivent des fantasmes enfouis d’adolescence. J’ai eu l’impression d’être au bord de ma jeunesse où tout est à découvrir, où l’orgasme sous mes doigts explosait pour la première fois.
La fraîcheur du texte est une nécessité dans cette littérature classée de romans de gare. Mais l’âge d’or des romans de gare. Justement dosés en sexe, drôle et sans peur. Une littérature un peu ringarde, peut-être mais ce sont les vieux poncifs qui nous semblent les plus réels et auxquels on s’accroche. Alors oui, avec la plume de Walter de Roanac, je suis une jeune démone sans états d’âme, feignant la candeur mais ouvrant les cuisses à tous les partenaires potentiels. Simple. Efficace. JOYEUX.
Il n’y a pas de complexes avec Frimousse. Le plaisir est autant dans les aventures loufoques que dans mon imaginaire en ébullition dans lequel j’ai gémis, j’ai crié et j’ai laissé mes mains faire le reste.
Omaha – Reed Waller & Kate Worley
Danse. Striptease. Voilà dans quel monde Omaha va me propulser. Une bande-dessinée qui retrace le parcours d’une charmante stripteaseuse venue de l’Amérique profonde, célébrée à Mipple City au sud de Chicago. Le décor est posé, je suis prête à en savoir plus. Beaucoup plus.
J’ai été surprise d’y découvrir l’amour. Une histoire d’amour hors du commun qui semble déjà incroyable dans un contexte aussi obscène. Omaha rencontre Chuck, un publicitaire désinvolte avec lequel la luxure s’emporte, le sexe s’enflamme.
Source d’un plaisir profond
En parcourant l’œuvre de Waller et Worley, qui fleurent bon les lendemains de révolution sexuelle, j’ai eu l’impression d’être projetée dans une époque fantasmée. Une époque où la séduction et le sexe allaient de pair, semblaient même indissociables. Là où je m’attendais à une BD masturbatoire et presque évidente, j’ai été désarçonnée, réservant mes ardeurs pour plus tard. Mais elles ont été plus fortes et plus profondes.
Je suis passionnée de sagas et j’ai été servie. Derrière le personnage de cette douce chatonne et de son appétit lubrique, se cache une morale, un pouvoir, une peur. Et tous ces sentiments se répercutent dans cette œuvre magistrale qui fait écho à l’histoire personnelle des auteurs. Et plus, j’avance, plus cette mise en abîme m’a émue puis excitée. J’ai trouvé alors ce qui manquait : l’humanité et le réel.
Un graphisme fin et expressif qui caractérisera toujours ce personnage aux allures félines qui hantera les rêves de beaucoup d’amateurs du genre. Une découverte exceptionnelle au goût de stupre, et d’amour.