Livraison mensuelle de Virginie Bégaudeau et de sa chronique "Petit Cochon" dont les statistiques montrent que vous en rafolez. Ce mois-ci, Virginie nous parle d'une intelligence de la sensualité. Régalez-vous !
Caresser le velours - Sarah Waters
« J'aurais pu être Narcisse, en train d'embrasser l'eau dans laquelle j'allais bientôt me noyer. »
La poésie qui s’échappe du roman de Sarah Waters y contient pourtant toute sa luxure et sa perversion. J’ai plongé, palpitante, dans ce monde lesbien de la fin du XIXe siècle, cette ère victorienne sur le point d’être bouleversée par l’arrivée du socialisme et du féminisme. J’ai senti cet engagement au travers la lubricité du texte, j’y ai basculé, immédiatement. Je me suis fondue dans le corps de Nancy, une jeune vendeuse d’huîtres sur la côte du Kent qui tombe amoureuse de Kitty, une chanteuse de Music-Hall. Le décor est posé. Il m’imprègne de l’humeur obscène des personnages, de leur naïveté. J’ai balayé les clichés, les faux-semblants, moqué la pudibonderie de ce siècle avec elles. Je les ai accompagnées dans un apprentissage débordant d’orgasmes et d’interdits. Je me suis glissées sous ces robes qui emprisonnent et renvoient à leur condition. C’est une montée. L’écriture suit le rythme des élucubrations fantasques et pernicieuses des héroïnes.
Un érotisme politique
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