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Je t’ai oubliée en chemin, Pierre-Louis Basse. Bonnes feuilles.

Chemin

Chez Ernest, vous le savez, nous aimons profondément Pierre-Louis Basse. Écrivain subtil, observateur du monde et de nos mœurs. Pierre-Louis Basse tient même chronique, ici, au gré de ses pérégrinations. Dans tous ses livres, Pierre-Louis Basse pose sa loupe affutée et sensible sur le monde. Sur le déclassement dans "Ma ligne 13", sur l'ivresse de la victoire comme outil de résistance dans "Gagner à en mourir", sur les couloirs de l’Élysée de François Hollande dans le "flâneur de l'Elysée" (nous vous en parlions ici) ou encore sur l'enfance fusillée de Guy Môquet. A chaque fois, la loupe de Basse est juste et subtile car elle porte avec elle une sensibilité puissante et forte qui donne aux récits un supplément d'âme et d'humanité.

OublieebasseLa nouveauté de ce livre "Je t'ai oubliée en chemin" - sublime - qui sort le 3 janvier est que Pierre-Louis Basse pose sa loupe sur lui-même. Sur son chagrin profond et immense quand Ana le quitte par SMS. C'est alors que la descente aux enfers de la déprime démarre. Elle emmènera Pierre-Louis très loin dans le noir et les ténèbres. Pour survivre, Pierre-Louis Basse marche. Dans la forêt près de chez lui, à Bernay, en Normandie. Il marche littéralement et symboliquement. Il remonte le temps de cette histoire avec Anna, nous la raconte, avec pudeur. Il remonte aussi le temps pour repenser à ses parents. La loupe ou plutôt le miroir est tourné vers lui. Son moi profond. Pierre-Louis Basse se met à nu et - c'est la la marque d'un grand écrivain - de son intime tire une fresque universelle et humaine dans laquelle chacun et chacune peut se retrouver. La cerise sur le gâteau de ce très beau livre personnel mais universel sur la perte, la fin d'un amour et sur la remise en cause que cela charrie forcément, c'est la loupe de Pierre-Louis Basse qui est également posée sur le monde. Sur cet univers de l'effacement, du téléphone portable qui éloigne quand on pense qu'il rapproche, sur ce monde moderne remplace parfois le réel.