Richard Powers est l’un des plus grands auteurs contemporains. Cela était une certitude avec ses livres “Le temps où nous chantions“, ” Trois fermiers s’en vont au bal”, “Générosité”, “Gains” … Cela est désormais une évidence impossible à nier tant sont dernier livre “L’arbre monde” est un livre monumental. Pour au moins trois raisons. D’abord l’ampleur de l’entreprise de Richard Powers. Sa fresque englobe les destins de neuf personnages sur un siècle. Mais la prouesse n’est pas seulement là. Elle réside dans le fait qu’au fond, Richard Powers ne raconte pas uniquement les histoires de vie de ces personnages. Il narre leurs vies par rapport à la nature et les fait tous converger vers un but : la sauvegarde d’un arbre. Quoi, un livre sur les arbres, vraiment ? On pourrait s’arrêter à cette question. On aurait tort. Tort tant le propos brillant et métaphorique de Powers prend le lecteur par la main pour le plonger dans une puissante et onirique réflexion sur notre rapport à la nature qui nous entoure. Clairement, “l’arbre monde” restera comme le grand roman écologique de ce début de siècle.
Peut-on considérer la nature comme humaine ?
L’autre raison qui impose la lecture de ce livre est sa capacité à nous sortir de notre zone de confort rationnelle. A travers les neufs destins, Powers nous montre comment la nature et les arbres en particulier n’ont pas une “vie secrète” comme l’affirme un best-seller récent, mais une vie réelle, puissante, dense et intense et qu’elle influe sur notre propre vie. Cette affirmation est portée par les personnages, par leurs entremêlements et par leur quête : sauver un arbre.
Enfin, s’il fallait une troisième raison de lire ce roman monumental, c’est pour l’ambition extraordinaire qu’il charrie. D’abord pour Powers, la littérature est une façon de raconter le monde et de partager des idées. Il l’a fait dans tous ces livres sur des thématiques aussi variées que la chimie, la musique, et plus généralement l’humanité. Ce qui interpelle dans cet “arbre monde” c’est que l’humaniste Powers va plus loin en soulignant qu’au fond, aujourd’hui, traiter les arbres et la nature comme des humains doit être le combat primordial de tous les humanistes authentiques. Dérangeant, décoiffant, et surtout profondément littéraire. Un régal !
[…] L’Arbre-Monde de Richard Powers, 10/18, 9,90 euros (Ernest en avait d’ailleurs fait l’un de ses livres du vendredi) […]