Dans son nouveau roman Hubert Haddad nous fait déambuler avec Damya – son héroïne – dans Paris. A la recherche de figurants, de miracles (peut-être) mais surtout d’une confiance et d’une assurance nouvelle. Délicieux.
Damya est danseuse. Pour le moment, elle ne danse plus. Elle a subi un drame. De ceux qui marquent physiquement et surtout psychologiquement. En attendant, elle déambule dans Paris pour sa mission de casting : trouver des figurants pour jouer des rescapés des camps de la mort. Damya déambule dans Paris. Dans le Paris des cartes postales, mais aussi et surtout dans le Paris meurtri par les attentats de 2015, dans le Paris des gens de peu, dans le Paris caché. Celui qui est le cœur de la ville. Ce “road book” dans Paris est l’occasion pour Damya d’éprouver sa douleur à l’aune de celle des autres. Et aussi de recouvrer de l’espoir. L’écriture d’Hubert Haddad est exquise. Il écrit d’une façon douce et ample avec un rythme adapté aux déambulations de Damya. L’histoire est tendre, onirique et puissante.
Hubert Haddad est un orfèvre des mots – nous vous avions déjà parlé de l’un de ses excellents livres ici – il les mets complètement au service du mouvement qu’il donne à tous ses livres. Damya comme nous tous est un cœur boitant et claudiquant. Comme nous tous, elle tâtonne à la recherche de ses figurants, mais aussi à la recherche d’une nouvelle raison de vivre suite à sa blessure. Le propos est particulier, mais universel. C’est là toute l’habileté des grands auteurs comme Haddad. Nous faire prendre conscience que nous ne sommes pas seuls. Et nous dire aussi qu’en allant claudiquant vers l’incertain on gagne en confiance. Ça vous rappelle quelque chose ? Normal, on en parlait aussi dans le livre de Charles Pépin.
Hubert Haddad – Casting Sauvage – Editions Zulma, 16,90 euros