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Le tourbillon de la vie

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Mettre ses personnages face à des dilemmes. Les malemener. Les confronter aux choix à faire ou à ne pas faire. C’est ce que fait Colm Tóibín. C’est ce à quoi il excelle. Et en plus, il sait universaliser les logiques. Tout le monde est Eillis. Car dans “Long Island” de Colm Tóibín, il est question de la vie d’Eilis Lacey. Cette vie bascule lorsqu’un inconnu frappe à sa porte, apportant des révélations qui bouleversent sa vie. Mariée à Tony Fiorello depuis vingt ans, Eilis mène une existence apparemment tranquille à Long Island avec leurs deux enfants. Mais tout s’effondre lorsque cet homme à l’accent irlandais lui révèle que Tony l’a trompée et qu’une autre femme attend un enfant de lui  Face à cette trahison, Eilis décide de retourner en Irlande, à Enniscorthy, son village natal. Là-bas, elle retrouve Jim Farrell, un amour de jeunesse, et les souvenirs d’une vie qu’elle aurait pu avoir refont surface. Alors qu’elle tente de se réconcilier avec son passé et son présent, la question de savoir si elle peut réellement revenir en arrière et reconstruire quelque chose avec Jim la hante. L’Amérique et sa vie de femme mariée semblent de plus en plus éloignées, et Eilis se retrouve à l’intersection de deux mondes. Le sien d’avant, et le sien d’aujourd’hui. Comme dans un tourbillon. Celui de la vie.

Dense, tendre et beau

A priori simplissime cette intrigue est de fait une exploration minutieuse des aléas de la vie. Du destin qui semble s’imposer même lorsque l’on veut lutter contre. Dans ce roman, Tóibín explore la thématique du destin, montrant que la vie n’est jamais un simple hasard. Les choix d’Eilis, qu’ils soient faits par amour ou par devoir, résonnent profondément dans son présent. Les silences, les non-dits, et les désirs inassouvis tissent une toile complexe qui interroge la possibilité de rédemption et de nouveaux départs. Un passage marquant du livre, où Eilis réfléchit à son retour en Irlande, illustre bien cette tension entre destin et choix personnels :

« Elle sentait que tout était à la fois étranger et familier. Les murs, les visages, même l’air semblaient empreints de souvenirs. Mais ce qu’elle redoutait, c’était ce que ces souvenirs allaient réveiller en elle. »

Tóibín nous livre ici un portrait intime et bouleversant, où chaque geste et chaque mot pèse dans la balance des vies que nous construisons et que nous voyons parfois se défaire en un instant. “Long Island” est une exploration magistrale des méandres de l’amour, du regret et du lien indéfectible entre le passé et le présent.

“Long Island” Colm Tóibín, Grasset.

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