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Ingrédients

Simon Wilkes S297j2CsdlM Unsplash

« Tout se réduit, en somme, au désir ou à l’absence de désir », note Cioran dans ses syllogismes célèbres. Alors qu’une nouvelle année se présente, cette problématique du désir, de la fringale de vie, se pose forcément pour chacun et chacune. Résolutions or not résolutions, that’s the question ?

A quoi bon, finalement puisque les choses vont de mal en pis. Peut-être que quelques unes des ses pensées tournoient dans nos esprits. Pour s’y installer ou pour y insuffler un doute. Elles sont aussi, peut-être là afin de rappeler la nécessité du présent, de ce que chacun accomplit au quotidien et de ce qu’il convient de faire, justement, pour cultiver le désir. Qu’il soit amoureux, charnel ou plus globalement ce désir comme force de vie.
Démarrer une nouvelle année, donc. Et trouver les ingrédients qui pourront faire en sorte de cultiver tout au long de celle-ci le désir de vie.

Force. Ces mots sont tracés et sont lus alors que le 7 janvier est là. 2015-2024. Neuf ans que les islamistes sont venus décimer la rédaction de Charlie Hebdo. Ne jamais oublier tant cette bête immonde islamiste est encore et toujours présente. Trouver dans cet anniversaire la force pour continuer de combattre. Par le rire, par le dessin, par la satire, par le blasphème et par la défense de la liberté. Trouver la force dans le courage des amis tombés ce jour là et dans le courage de ceux qui continuent.

Trouver la force dans le combat des Iraniennes et des Iraniens contre la théocratie des Mollahs. Trouver la force, enfin, dans l’action. Dans ce fameux « temps qui reste » (Boucheron) avant la catastrophe et lui faire peur à cette catastrophe par la puissance de nos actes quotidiens et notre amour de la vie.

Sagesse. Ecrire le mot « sagesse » et penser, incorrigible que nous sommes, à la célèbre maxime de Colette. Sourire. S’amuser de soi. Et réciter la fameuse phrase : « Faites des bêtises mais faites-les avec enthousiasme ». Peut-être est-ce là la clé ? Choisir ses bêtises. Les travailler, les magnifier. Comme Epicure, en somme. Pas tous les plaisirs, mais les plaisirs choisis et cultivés avec minutie.

Cultiver, en quelques sortes, la rechercher d’une sagesse initiatique dans laquelle se mêlent recherche de la connaissance, écoute des autres, volonté, et audace débridée lorsqu’il s’agit d’agir et de créer.

Beauté. Troisième ingrédient d’une année réussie. Par beauté, il convient d’entendre ici l’idée folle d’apprendre à swinguer. Dans ce sens que les imprévus, les accidents de la vie viendront forcément faire bifurquer les chemins choisis. « Les hommes font des plans et Dieu se marre », ironise un proverbe Yiddish. Dans cet incertitude, chercher le swing. Et comme les grands musiciens, faire des fausses notes une harmonie, et de l’improvisation un concert. Comme Keith Jarret à Cologne lors de son fameux et mythique « Koln Concert ».

Dans ce mot de beauté, il y a aussi  – vous le savez mieux que quiconque chers Ernestiens et Ernestiennes – la recherche permanente, ou plutôt l’éveil permanent, tout le temps, pour trouver la beauté dans les Arts. La trouver, par exemple, ainsi que de la force, dans les mots d’Abnousse Shalmani dans son magistral roman « J’ai pêché, pêché dans le plaisir », dont il sera bientôt plus longuement question dans les colonnes d’Ernest.

La sentir dans les note de Raphaël Imbert découvert cette semaine (il n’est jamais trop tard). Son “Bach-Coltrane”, mais aussi dans son “Baudelaire-Jazz”, fabuleuse alliance de la poésie, de la littérature et de la musique jazz.

La vivre, enfin, dans la rencontre avec l’Autre. Imprévue. Voulue. Perdue.

Bonne année et bon dimanche,

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)
 
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