Seth Greenland fait partie de ces auteurs dont on guette les nouveaux romans avec avidité. Mieux, il fait partie de ces auteurs, rares, qui ne déçoivent pas. Mieux encore, pour publier son nouveau livre “Plan américain” chez Liana Levi, il a choisi de le faire en France. Cela à cause de la dérive de l’édition américaine et d’une frange de la population qui l’aurait accusé d’appropriation culturelle. Il aurait ainsi été empêché de parler de littérature et de son livre et aurait dû en permanence se justifier sur le sens de son art. Cela à cause de cette révolution absurde qui veut qu’un auteur ne puisse écrire uniquement sur ce qui le concerne (voir à ce sujet l’entretien immense avec Tania de Montaigne que nous avons réalisé). Car, oui de nombreux personnages de “Plan Américain” sont noirs tandis que Seth Greenland est blanc. L’intrigue se déroule dans le New York des années 70 alors que le cinéma afro-américain vit un âge d’or avec la blaxploitation et qu’un groupe d’amis dont le narrateur, un jeune juif cinéphile, veulent tourner un film au scénario complètement loufoque.
Finesse et humour
Une intrigue qui est l’occasion pour l’auteur de tisser une comédie humaine puissante, intelligente, fine où la dérision s’instille pour titiller les religions, les communautés , et tous les petits travers humains avec, notamment, un sens du dialogue aiguisé. Dans un livre romanesque et naturaliste parfaitement mené et plein d’entrain, Seth Greenland raconte l’Amérique et les 70’s avec son personnage Jay Gladstone que nous avions croisé, plus vieux, dans son formidable précédent roman « Mécanique de la Chute ». Il faut décidément tout lire de Seth Greenland qui petit à petit, mots à mots, s’approche grâce à une façon singulière de raconter son pays d’un Philip Roth. De la très bonne littérature.
Seth Greenland, “Plan américain”, Liana Lévi
Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.