Au coeur de l’Allemagne, l’International Tracing Service s’attache depuis l’après-guerre à déterminer le sort des victimes du régime nazi, à la demande de leurs proches. Irène y est arrivée par hasard en 1990. Depuis, ce travail d’investigation est devenu une vocation. Elle se voit confier une nouvelle mission : restituer les milliers d’objets dont le centre d’archives international a hérité à la libération des camps de concentration. Pour chacun d’eux, il faut retrouver l’identité de son propriétaire déporté et remonter sa trace… Cherchant les disparus, elle rencontre des vivants qui la bouleversent et la guident, de Lublin à Varsovie, Paris ou Berlin. Au bout du chemin, il y a les descendants…A l’automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé…La Shoah pour toile de fond.
Un écrin sensible
C’est le Pitch de ce nouveau roman de Gaëlle Nohant, qui décidément prouve à chaque nouveau livre la très grande actrice qu’elle est. Après avoir magnifié et rendu accessible au plus grand nombre la magistrale figure de Robert Desnos avec son “Légende d’un dormeur éveillé” (dont Ernest vous avait longuement conseillé la lecture et vous la conseille encore), Gaëlle Nohant prend ici à bras le corps la question de l’identité et de l’héritage. Et pose une question : les morts gouvernent-ils les vivants ? Que disent de nous les objets que nous possédons ? Le lien entre le passé et le présent peut-il s’incarner dans un seul objet ? Autant de questions posées avec justesse et beauté par Nohant.
Ce livre est une pépite d’émotions. Pas de phrases grandiloquentes et pompeuses, mais plutôt de la délicatesse, de la justesse, de la finesse et du tact pour mener le lecteur à l’éclaircissement de ces destins brisés par l’histoire. Un livre intime, savoureux, indispensable qui touche en plein cœur. Il rend plus intelligent, et plus sensible. Tout ce qui érafle le destin des personnages et donc de l’Autre touche le lecteur et fait de lui un être plus complet. Difficile de ne pas verser une larme. Ce sont des larmes qui, en un sens, font du bien. Des larmes qui viennent du tréfonds des âmes. De celles des personnages, mais aussi de la nôtre. Dans nos solitudes et dans nos peines. En lien ou non avec le livre de Nohant, mais qui sont des larmes réparatrices. A ne pas rater.
“Le bureau d’éclaircissement des destins”, Gaëlle Nohant, Grasset.
Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.