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Noir brillant

Le Livre Du Vendredi Twitter 1000x500(39)

Dès la première bagarre, joyeusement sanglante et chorégraphiée, il glisse une figure de style dans le propos du narrateur. « Je m’étais pris une balle de .25 dans le bide quelques années auparavant, ce qui m’avait fait perdre 45 centimètres d’intestin et l’essentiel de mon amour pour les armes de poing ». Zeugma et bouffe-pif, un cocktail chic. Parti en 2008, à 69 ans, James Crumley a laissé à la postérité une poignée de pépites aussi brillantes que « La contrée finale ». Styliste et dialoguiste inspiré, il savait tisser des intrigues à tiroirs aussi inextricables que les amours de son héros, le détective privé Milo Milodragovitch. Un sexagénaire dont la lucidité déjà bien entamée par la cocaïne et l’alcool finit toujours de fondre au contact des femmes. Pimentée de quelques rencontres torrides, son enquête avance par à-coups, au radar, du Texas au Nevada, entre Betty, Cathy, Molly, Becky et Sherry.

Fulgurances ciselées

Les grandes lignes des livres de Crumley sont toujours un peu les mêmes. Au lecteur d’avoir l’œil pour mémoriser les détails qui comptent et essayer de deviner ce qui, de la magouille foncière ou du trafic de drogue, justifie les guet-apens, fusillades et kidnappings qui s’enchaînent. C’est un contrat tacite où l’auteur garde la main, une marque de fabrique de cette bande d’écrivains du Montana dont fait également partie James Lee Burke. Si l’on valide, on n’a qu’à se laisser porter en dégustant les fulgurances qui coulent sous sa plume comme un métal précieux, et auxquelles cette nouvelle traduction de Jacques Mailhos rend tout leur éclat.

James Crumley, “La contrée finale”, Gallmeister

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

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