Si vous aimez Riad Sattouf ou Marjane Satrapi, alors vous allez adorer Özge Samanci et son roman graphique magistral “Nager à contre courant”. Nous sommes en Turquie au sein d’une famille d’Izmir, dans les années 1980. Il y a les parents, il y a Pelin, la grande sœur, qui veut être ingénieure, l’oncle Nihat, un poil hippie sur les bord vivant dans un squat, il y a le père d’Ozge qui, lui, est inquiet. Özge, elle, est espiègle, observatrice curieuse. Pleine de vie. Elle admire le Commandant Cousteau et regarde Popeye et Dallas à la télévision.
Intelligence et humour
Elle se rêve aventurière et dessinatrice. Problème : cela ne plait pas vraiment à ses parents, pauvres, qui la voient plutôt ingénieure, aussi. La toile de fond est le nationalisme turc. Le machisme de cette société aussi qui n’accepte pas vraiment l’émancipation d’une femme. Özge, elle, décide de s’en affranchir. Par le dessin, par le récit aussi. D’ailleurs le roman graphique raconte cela à travers les collages et l’aspect de prime abord désordonné de son agencement. Mais très vite, le lecteur se glisse dans la mélopée drolatique de l’histoire. Surtout, le livre raconte aussi comment les injonctions contradictoires d’un pays pèsent sur les individus. C’est intelligent, fin et plein d’humour. La découverte d’une autrice et d’un univers. Özge Samanci est la turque du futur et une autrice qui va compter dans les prochaines années !
“Nager à contre-courant”, Özge Samanci, éditions du Faubourg, 22 euros.