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Yves Harté : “J’offre les livres que j’admire”

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La rencontre se fait à Bordeaux. Forcément. A deux pas de la place de la Comédie. L’arrière-salle du café Régent est sage. Des banquettes en cuirs bruns. Deux demis. Et le tout autour d’Yves Harte. Un voyage littéraire. Les mots des autres rejoignent les siens. Vous allez aimer cette promenade rieuse autour de Giono, Hemingway, Veilletet, Marias. Entre journalisme et littérature.

« Offrir un livre est comme un tiroir qu’on ouvre. Pour moi, ce n’est jamais anodin et toujours personnalisé. Le livre le plus facile à offrir ou, en tout cas, celui que j’offre le plus est Lhomme qui plantait des arbres de Jean Giono (Gallimard jeunesse). Ce court récit est merveilleux. Dans les années 50, le Reader Digest demandait à Giono de raconter l’homme qui l’avait le plus impressionné. Ce devait être une histoire vraie. Giono a écrit l’histoire d’un homme qui avait l’intention de replanter des arbres sur le plateau des Alpilles, région qu’il adorait. Ce personnage était berger, pendant qu’il gardait le troupeau, il plantait soigneusement des glands de chênes ou de frênes. Petit à petit, le plateau a reverdi, les sources se sont régénérées. Comme tous les journaux américains, le Reader Digest avait fait une contre-enquête. L’histoire étant inventée, ils ne l’ont pas publiée. En revanche, c’est devenu ce roman très court. Si je pouvais, j’offrirais tout Giono, mais ce livre est tellement beau. La rigueur stupide des Américains a négligé un chef-d’œuvre. Le jour où en l’offrant, je me suis senti le plus heureux est assez récent. J’avais monté pour Sud-Ouest un événement à Latche, l’ancienne propriété de François Mitterrand, dans les Landes. Et j’ai offert Lhomme qui plantait des arbres à une jeune collaboratrice qui avait été la coordonnatrice de ce projet assez difficile à mettre en place, tellement qu’elle craignait de ne pas y arriver. Elle fêtait son anniversaire le lendemain de la fin de la manifestation. Le moment était assez solennel dans cette immense clairière landaise entourée de forêts de pins et de chênes. Ce fut un instant très émouvant. J’y ai vu une forme de transmission.

Hemingway m'a aidé dans mon parcours de journaliste