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Jugement dernier

Klaus Barbie Devant De La Cour D Assises Du Rhone Au Palais De Justice De Lyon Photo Progres Archives Le Progres 1634379711

Dernier épisode du récit magistral de Stéphane Nivet du procès Barbie qui s’est tenu il y a 35 ans à Lyon. Dans cet ultime mouvement, Stéphane Nivet raconte comment Barbie fut démasqué par les époux Klarsfeld mais aussi par l’audace d’un journaliste. Il narre aussi les plaidoiries devenues morceaux d’architecture de notre histoire commune. Indispensable.

Épisode 1 : “Le diable en France

Épisode 2 : “Lyon 1942”

Épisode 3 : “La souricière”

Épisode 4 : “Retour à Izieu”

Épisode 5 : “14166, un train pour l’enfer”

Épisode 6 : “Diversions”

Lundi 15 juin 1987, 21H30. Restaurant « Chez Jean-François », 2 Place des Célestins, Lyon.

Nous venons d’entendre le dernier témoin du procès Barbie, un témoin de la défense, un prétendu historien qui ne doit ses titres et grades ni au concours interne ni au concours externe mais, assurément, au concours de circonstances. L’Histoire l’oubliera, ce qui, dans sa situation, est presque une faute professionnelle. Le rideau s’est baissé définitivement sur les auditions et les témoins, directs ou non, ont cessé de parler. Place désormais aux plaidoiries des avocats, des parties civiles comme de la défense, au réquisitoire de l’accusation et, enfin, aux jurés populaires qui, depuis le 11 mai, ont assisté à l’intégralité des audiences. Certains avocats TGV s’apprêtent à débarquer comme mars en carême, sur les bancs de la défense, à l’instar de Me M’Bemba ou Me Bouaita qui ont rejoint Vergès in extremis ou sur les bancs des parties civiles, tel un certain Me Collard qu’on nous annonce plaidant pour une famille de victime et dont chacun s’accorde à dire qu’il n’a pas vraiment hanté les couloirs du Palais depuis le début du procès.

Mon confrère Ladislas de Hoyos me prend amicalement par le bras en descendant les marches du Palais avant de me glisser : « Bonsoir François. On va dîner avec des confrères. Chez Jean-François, Place des Célestins, juste de l’autre côté de la Saône, en face. Tu nous rejoins ? » Intrigué par cette invitation impromptue, j’accepte bien volontiers, flatté de me sentir admis parmi le cercle des journalistes judiciaires ou les grands reporters. Le restaurant se situe à côté du théâtre des Célestins. Sur la façade, les reliques de la saison dernière, notamment des affiches de la dernière pièce de la saison, Une heure avec Musset. En passant devant, je ris intérieurement en me disant qu’une autre pièce se jouait de l’autre côté de la rivière : 100 heures avec Barbie.

J’entre dans le restaurant où Ladislas m’attendait avec d’autres commensaux à carte de presse. Le cadre est spacieux, l’ambiance presque bourgeoise mais pas guindée. Mon confrère de TF1 m’avait gardé la place située en face de la sienne, augmentant le plaisir que j’avais d’être ici, outre ceux prévus à la carte ou au menu : terrine d’artichaut au foie d’oie, filet de sandre au basilic, saumon à la moutarde, filet de sole à la ciboulette, le tout arrosé par la fraîcheur minérale d’un Saint Véran. Pas de doute, nous sommes dans une ville civilisée. Le quartier des Célestins, sous l’Occupation, était moins feutré et, assurément, moins convenable. Barbie et ses sbires écumaient les bars du secteur, toujours prêts à courir « la pute à boches » : le Grillon, l’Artésia, Le Perroquet, La Pergola, Les Ambassadeurs, le bar Georges, La Scala, le Diabolo, le Confort formaient une sorte de petit Pigalle échappant aux restrictions. Le chef de Barbie, Werner Knab s’était même fendu d’une lettre au préfet Angeli, le flétrissant de la pénurie de rhum que ses soldats lui avaient signalée dans un bouge martiniquais du passage de l’Argue et lui enjoignant de réquisitionner ce qu’il fallait d’alcool, aux frais des Français, pour que la fête allemande puisse battre son plein.

Ladislas de Hoyos connaissait très bien toute cette histoire et son livre – Barbie – publié il y a trois ans, avait montré son savoir encyclopédique sur cette période. Installé dos au mur, me toisant bien qu’assis, il entame la discussion avec une forme d’amertume mêlée d’une irrépressible envie de parler de cette affaire qui le hante depuis 1972. Il avait assisté au début de cette affaire, à ce moment de la traque où, enfin, les Klarsfeld avaient remis la main sur le boucher de Lyon, en Bolivie. Ce soir, il assiste à la fin de l’histoire, comptant les jours avant que le verdict ne soit prononcé, refermant une page considérable de sa vie d’homme et de journaliste. En 1972, Ladis, comme ces confrères l’appelaient, débutait à la télévision. Il avait été embauché à France-Soir en 1960, dans la presse écrite. Il avait notamment couvert l’enlèvement d’Éric Peugeot, le petit-fils du constructeur automobile. Informé que les Klarsfeld avaient localisé Barbie en Amérique du Sud, il avait pris l’avion fin janvier 1972 avec une équipe technique, dont le caméraman Christian Van Ryswick, pour Lima au Pérou où le criminel avait tenté une échappée, puis à La Paz en Bolivie. L’objectif était d’interviewer Barbie, planqué dans les méandres de la capitale bolivienne, et de ramener le scoop pour le journal Vingt quatre heures sur la deux, le journal télévisé quotidien diffusé à 20 heures sur la deuxième chaîne.

Ladislas de Hoyos convoque ses souvenirs et les dépose devant moi, presque sur la table. Il me raconte, avec l’assurance du grand reporter qu’il est devenu, les péripéties de ce reportage. D’intermédiaires en intermédiaires, de diplomates barbouzes en barbouzes diplomates, de policiers nécessiteux en philanthropes de la liberté de la presse intéressés aux bénéfices, de micros posés dans les chambres d’hôtels en télégrammes promettant constamment l’issue pour mañana (« demain »), il parvient à établir le contact avec l’entourage de Barbie, mais dans la plus grande discrétion. D’aucuns, en pareil cas, veulent évidement tirer profit de la situation, demandant une contrepartie financière à l’organisation de cette interview avec celui qui, officiellement, affirme toujours être Klaus Altmann, paisible commerçant d’origine allemande victime d’une effroyable méprise et de l’acharnement des Klarsfeld. Ladis communique avec sa direction à Paris mais en langage codé : « L’accouchement est imminent. Mais nous n’échapperons pas à la césarienne. Frais supplémentaires à prévoir pour que ça se passe bien… ». La césarienne pour tenter d’accoucher Barbie coûtera 2000 dollars au contribuable français, le tout étant indexé à des conditions précises : l’interview devra se faire en espagnol dans les locaux du Ministère de l’Intérieur, sous bonne garde.

Le 3 février 1972, Ladis et son équipe sont face à Altmann-Barbie. La suite sera une affaire de langue : commencée dans la  Ladislas De Hoyos langue de Cervantès, comme convenu, la séquence bascule quand le journaliste bascule dans la langue de Goethe, devant des boliviens désarçonnés et taiseux, qui n’osent pas interrompre la chose. A la fin, de Hoyos tente le tout pour le tout, et piège son interlocuteur en parlant en français, constatant qu’en dépit de ses dénégations, ce dernier comprend parfaitement la langue de Molière. Il se paye le luxe de lui faire répéter des phrases en français au prétexte de faciliter la compréhension du reportage auprès des téléspectateurs de la deuxième chaîne de l’ORTF. Ladis tend même une photographie de Jean Moulin à Barbie qui la prend pour la regarder, laissant ses empreintes sur le document. Au sortir de la rencontre, le journaliste et le criminel échangent un regard où chacun a compris ce qui venait de se passer. Le Ministère de l’Intérieur du régime bolivien va tenter de faire main basse sur les bandes. Mais c’était sans compter l’habileté du caméraman qui avait refilé aux policiers des bandes vierges, et planqué les autres avant de les emmener à l’ambassade de France située à proximité. Pendant que les condés boliviens avaient le tournis à la poursuite de cette interview fatale, l’ORTF recevait la pépite sans que personne ne l’interceptât.

Barbie ne pourrait plus se dissimuler derrière Altmann : lors de la diffusion du reportage, des témoins directs, ayant rencontré Barbie sont en plateau. En en parlant, Ladislas de Hoyos a un frisson : « Il y avait Aubrac, en duplex de Rome où il travaillait. Il y avait Simone Lagrange qu’il avait envoyée à Auschwitz. Il y avait le Docteur Dugoujon, compagnon d’infortune de Jean Moulin lors de l’arrestation de Caluire … Un vrai tapissage, comme au commissariat. Ce fut un moment de télévision magnifique et surtout, un moment d’histoire. On avait réuni la Cour d’Assises avant la date et en direct à la télévision, Au nom du peuple Français ». Et puis les empreintes ont fini par parler. Comparées à celles données par Barbie à la Croix-Rouge après-guerre lors de son exfiltration par la filière apostolique des rats, elles achèvent de le confondre.

Nous achevons notre repas rabelaisien. Ladislas de Hoyos me regarde dans les yeux : « Ils sont bien tes papiers. Pas aussi bien que ceux de Chalandon (journaliste de Libération, prix Albert Londres 1988 notamment pour ses papiers sur le procès Barbie, NDLR), c’est sûr. Mais ils sont vraiment bien. Mais maintenant, le point final approche. Le jugement dernier, c’est dans quelques jours. Il va falloir tenir la longueur ! »

3 juillet 1987, 10h15. Palais de Justice de Lyon, quai Romain Rolland, Lyon

Pour le troisième jour consécutif, Me Vergès plaide et comme c’est la règle de droit, la défense a la parole en dernier. Depuis le Ici Les Avocats Des Parties Civiles Me Libman (g) Serge Klarseld Roland Dumas A Droite Me Jakubowics Photo D Archives Progres 162072543517 juin, les avocats se sont levés avant lui, non pas au nom de l’accusé, mais au nom des victimes. Le premier a l’avoir fait, fut Me Serge Klarsfeld. J’en demeure encore aujourd’hui accablé et ce moment du procès me hante. Pas d’effets de manche, pas d’imparfait du subjonctif, pas de latin, pas de trémolos à faire trembler les 24 colonnes. Et pourtant, le frisson ressenti en entendant la voix monotone de Serge Klarsfeld, égrenant les uns après les autres les vies des enfants d’Izieu, ne m’a pas quitté. Il n’a pas plaidé, il a psalmodié une prière des morts, en retraçant la vie de ceux qu’il évoque et en terminant à chaque fois son propos par un « Sami n’est pas revenu », « Théo n’est pas revenu », « Georgy n’est pas revenu ». Il ponctue cette lecture par des extraits des lettres des enfants d’Izieu, achevant d’arracher des larmes à ceux qui n’avaient pas encore craqué. Cette évocation magistrale a d’autant plus de sens quand on sait que ces enfants dont il parle avec une force si manifeste, ce sont, c’étaient, ses frères et sœurs d’infortune. Serge Klarsfeld a échappé à la rafle organisée à Nice par la Gestapo dans l’appartement familial. Il ne doit la vie qu’à la mince couche de contreplaquée qui cachait le double-fond de l’armoire derrière laquelle son père, Arno, avait fabriqué une planque. Quand il parle de ces enfants cachés, il sait mieux que tous les autres avocats présents dans la salle de quoi il retourne.

Depuis le 17 juin, les autres avocats des parties civiles ont, chacun à leur manière, exprimé une part de ce qu’il fallait plaider. Du bâtonnier du Granrut, digne comme la justice et auteur d’une plaidoirie qui coule de source à Christian Charrière-Bournazel, surdoué de Cour d’Assises et de droit criminel, en passant par Michel Zaoui, pénétré par une connaissance intime du dossier, par Me Jungblut, avocate allemande du MRAP qui a livré une traduction vivante du télégramme d’Izieu ou encore le redoutable Me La Phuong, sans doute le plus acéré de tous, les avocats des parties civiles ont mené le combat. Le 26 juin, un jeune avocat lyonnais, le benjamin du banc des parties civiles, né en 1953, est chargé de terminer les plaidoiries prononcées au nom des victimes avec Roland Dumas, plus aguerri. Il s’appelle Alain Jakubowicz et représente notamment le Consistoire. Un moment de son propos a mis la salle d’audience en émoi en mettant des mots sur un ressenti que tous ses autres confrères avant lui avaient laissé à l’état de non-dit. Il a parlé des femmes, de ces 31 femmes venues déposer à la barre. Il a parlé de ces mères, sœurs, filles, veuves, camarades, rescapées dont la présence a bouleversé le procès autant que l’opinion. Il a rappelé qu’elles avaient sorti ce dossier de l’abstraction en imposant le réel. Il a rappelé qu’en dépit de l’âge, des stigmates de la Gestapo et de la douleur du deuil qu’elles portaient encore, elles étaient « belles pour l’éternité ». Assis dans la salle, je me souviens les avoir vues, émues, croiser leurs regards, en humanité, constituant sous nos yeux une fraternelle de la dignité et du courage.

Le 29 juin 1987, lorsqu’il a succèdé aux parties civiles et qu’il s’est apprêté à précéder la défense, le procureur général Pierre Truche est devenu un autre homme et sa dimension a changé. Sur ses épaules entourées de l’hermine du Parquet général autant que de sa crinière blanche contrastant avec le pourpre cardinalice de sa robe, il portait le Ministère public et l’accusation contre le Boucher de Lyon. Il fut alors le premier, en France, à requérir à l’égard d’un criminel contre l’Humanité. Pierre Truche n’était pas un homme d’effets. Il fut, dans son réquisitoire, l’homme des faits. Rien que les faits, avec une rigueur morale scrupuleuse, un souci soupçonneux de la vérité qui a fait honneur à sa charge. Par le menu, il déplie ses réquisitions avec minutie, comme une paperolle de Proust. Il tempère les ardeurs de certains qui voulaient, parfois de bonne foi, tordre la vérité. Il parle avec simplicité et humilité, dans une langue qui abolit le jargon et est compréhensible de tous : « Je vous livrerai les éléments du dossier. Après moi, il y aura la défense et vous l’écouterez attentivement. Sans elle, il n’y aurait pas de justice et la contester serait revenir au temps où Goering refusait la défense à ceux qu’il considérait comme les ennemis du peuple allemand et parlait de chinoiseries d’avocats. »

Il a même concédé : Barbie n’était sans doute pas présent lors de la rafle de la rue Sainte Catherine et lors de la rafle d’Izieu, rien n’atteste de sa participation in situ. Pourtant, il a asséné. L’absence n’est pas l’innocence. Les ordres, écrits, sont là. Les comptes rendus sont têtus. Les témoins sont venus, eux, dire leur part de vérité, à la barre. Il a entendu la colère sourde de Sabine Zlatin, il a vu le regard ferme de Raymond Aubrac, il a ressenti les tremblements déchirants d’Ita-Rosa Halaunbrenner, il a entendu, de la bouche de Serge Klarsfled, la vie des enfants d’Izieu, il a ressenti le souffle d’André Frossard exhumant de ses souvenirs la torpeur indicible de la baraque aux juifs de la prison Montluc. Tout dans l’activisme antisémite de Barbie aboutit à sa culpabilité. La conclusion de Pierre Truche, sous forme d’alexandrin, a rompu avec le classicisme de l’exercice : « Je vous demande qu’à vie Barbie soit reclus. »

Les Magistrats Le President Andre Cerdini Entoure De Gerard Becquet Et Andre Picherit Photo D Archives Progres 1620725436Il est dix heures et quinze minutes en ce 3 juillet. Me Vergès s’apprête à achever sa plaidoirie pour parler de la rafle d’Izieu. Le Président Cerdini lui donne la parole. Il se lève. Au même moment, les cloches de la primatiale Saint Jean-Baptiste se mettent à sonner à tout emporter. La réalité s’impose à Vergès : il doit attendre que ces cloches se taisent avant de parler. Un murmure parcourt la salle et chacun ironise sur le signe qui vient d’être envoyé à l’avocat de Barbie. Même l’intéressé en sourit, lui qui doit se résoudre à ne pas être le seul à avoir la parole en cet instant. Amusé par la scène, mon esprit divague. Je repense immédiatement à la maison d’Izieu, à cette cloche qui servait à rythmer la vie des enfants au moment des repas notamment. Je me mets à songer, à rêver presque à voix haute. Cette cloche qui impose une minute de silence à l’avocat de Barbie, c’est la cloche d’Izieu. C’est pour eux, en leur mémoire, que sonne le glas. Je pense au fragment du poème de John Donne gravé sur le monument érigé à Brégnier-Cordon, sur la route de la colonie d’Izieu : « Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne. ».

Après ce silence, tous les mots de Vergès seront vains. Il termine sa plaidoirie sans, sans doute, l’avoir jamais commencée. Son client est amené pour faire une dernière déclaration qu’il conclut par une ultime esquive : « C’était la guerre, et la guerre, c’est fini. »

Je me retire dans la nuit lyonnaise, fumant cigare sur cigare en attendant le jugement dernier. Je suis subitement assailli par une angoisse professionnelle. Je repense aux papiers de Kessel pour les procès qu’il a couverts : Pétain, Nuremberg, Eichmann. Je me sens terriblement petit à l’évocation de mes prédécesseurs. Sur les marches du palais, accablé par la fin de cette histoire et par la chaleur moite, un jeune philosophe attend, avec nous. Il s’appelle Alain Finkielkraut. Il est inquiet, très inquiet. Il considère que la notion de crime contre Humanité a été obscurcie par la défense et, même par les parties civiles elles-mêmes. Il pense que la graine semée par Vergès, sa défense dite « de rupture », celle qui consiste à relativiser le nazisme en excipant des crimes coloniaux de la France, sera un poison pour l’avenir.

Nous sommes rappelés par la clameur. Le Président Cerdini entre dans la salle, entouré une dernière fois des jurés. A minuit Les Articles Parus Durant Le Proces Dans Le Progres Et Lyon Matin Se Comptent Par Centaines Et Font Regulierement La Une Photo Dr 1620726257et quarante minutes, le 4 juillet 1987, Klaus Barbie est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour la rafle de la rue Sainte Catherine, pour la rafle d’Izieu, pour le convoi du 11 août et pour une série de crimes « individuels », tous reconnus comme crimes contre l’Humanité. Il est raccompagné dans le fourgon cellulaire, menotté, sous les crépitements des photographes.

A quelques mètres de là, Marcel Ophuls, le documentariste, va à la rencontre de ceux qui sortent du Palais. Après la cohue et les sifflements ayant raccompagné Me Vergès jusqu’à sa voiture, il attrape Me Jakubowicz interrogé par des confrères étrangers sur qu’il pense de ce verdict. Dans un anglais très lyonnais, l’avocat répond : « This is justice, only justice. I’m very proud of the french justice and the serenity of the French justice. That’s all, in memory of the children of Izieu”.

Au moment de terminer ce journal intime d’un journaliste parachuté dans une histoire inconnue, moi aussi, je pense aux enfants d’Izieu, à ces gamins gorgés de vie et d’innocence, assassinés de naissance et dont la lecture des noms, des prénoms et des âges n’en finira jamais de me hanter et de soulever dans mon âme une colère sourde et immarcescible contre toute forme d’expression de l’antisémitisme.

Crédit Photo : Le Progrès. Le livre de Stéphane Nivet par ici. “Vous étiez belles pour l’éternité”.

Toutes les inspirations d’Ernest sont là.

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