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Tata flingueuse

Mamie

Ce mois-ci Tanguy Leclerc est tombé sous le charme d’une vieille dame pourtant peu engageante, affublée d’un surnom pour le moins saugrenu. Avec Mamie Luger, Benoît Philippon dévoile les confessions d’une femme éprise de liberté qui défend ses convictions à coup de flingue. Un roman jubilatoire !

« Blam ! Blam ! » Deux détonations en guise de première ligne. Il faut croire que pour Benoît Philippon, les préliminaires sont superflus. Mamie Luger s’ouvre sur une fusillade et, très vite, les phrases claquent comme des coups de feu, sans répit. À bien observer sa couverture, on devine que l’on ne tient pas dans les mains le recueil de recettes d’une mamie-gâteau. La vielle dame qui nous fait face n’est pas franchement avenante. Son visage menaçant nous laisse penser qu’il ne vaut mieux pas la chauffer. Le portrait colle on ne peut mieux au profil que Philippon dresse de son héroïne : « Berthe n’a jamais été du genre à plier. Déjà gamine, elle ne ressemblait pas à un roseau mais plutôt à un tas de ronces. Avec des épines larges et pointues. Le bouton de rose qu’elles renfermaient tout au milieu, il fallait devine qu’il était là. Berthe préférait brandir les épines. Avertissement amical : « T’approche pas, je pique. Et je suis vénéneuse. Te voilà prévenu. »

Mamie LugerLa lecture de ses confessions confirme très vite la première impression. Berthe, née Gavignol, 102 ans au compteur, déballe son histoire en garde à vue, pour avoir canardé son voisin et une escouade de flics qui prenait d’assaut sa chaumière auvergnate. L’enquêteur chargé de l’interroger se nomme Ventura, comme Lino, qui jouait l’inspecteur Gallien dans le film de Claude Miller Garde à vue, justement… Le clin d’œil n’est pas fortuit. Mais le face-à-face ressemble davantage à l’atmosphère truculente du film Au poste ! de Quentin Dupieux, qu’à la confrontation glaçante opposant Lino Ventura à Michel Serrault.