En flânant dans sa librairie favorite, Tanguy Leclerc est tombé en arrêt devant la couverture du dernier livre d’Erwan Larher, Indésirable. Une chronique sociale féroce sur les conventions établies autant qu’un éclairage salutaire sur une réalité identitaire peu exposée. Une particularité que l’auteur met en valeur en pratiquant l’écriture inclusive.
La première qualité de la couverture du nouveau roman d’Erwan Larher est qu’elle suscite le désir, contrairement à ce que dit son titre. Bien que minimaliste, elle attrape votre regard comme le font certains graffitis sur les murs de nos villes. Ici, le symbole taggé est celui du genre intersexe, ou neutre, qui qualifie « les personnes nées avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins », selon l’ONU. Bref, des personnes qui ne rentrent dans aucune case. Des individus pour qui le quotidien est tout sauf un long fleuve tranquille car constamment « invisibilisés » ou objets de curiosité.
Son association avec le titre débouche sur la deuxième qualité de la couv de l’ouvrage : sa clarté. On devine instantanément ce dont il est question dans ce livre : un sujet sensible et polémique. Ce graffiti n’est pas simplement une marque qui serait dessinée sur un mur, c’est une gifle adressée à quelqu’un à qui on entend faire passer un message de rejet. On le lit comme on lirait « sale pédé ». D’ailleurs, le personnage principal du roman, Sam, intersexe donc, qui tombe sous le charme d’une vieille maison du village de Saint-Airy et décide de l’acheter par amour des vieilles pierres, ne tarde pas à être fixé-e sur le ressenti des habitants à son arrivée : à peine est-iel installæ qu’une inscription insultante est crachée sur la façade de sa maison : « ici on n’aime pas les pédés ! ». Ce à quoi Sam répond en écrivant sous le graffiti initial : il faut goûter avant de dire qu’on n’aime pas ».
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